Il insiste sur le besoin croissant de tirer les ministres de la «torpeur» qui les caractérise. Le Premier ministre Ahmed Ouyahia a mis en demeure, à travers une directive qu'il a adressée en août 2008 à ses ministres, de faire preuve de disponibilité, de capacité d'écoute et d'explication vis-à-vis des populations et de la presse nationale. C'est lui-même qui l'a révélé à la presse avant-hier au Sénat: «Nous communiquons mal et gouverner c'est communiquer», avoue Ahmed Ouyahia. Pis, il reconnaît qu'il y a un déficit en la matière: «Nous comptons le corriger», promet-il, soulignant que «le gouvernement s'attelle sérieusement à améliorer la machine de communication de l'Exécutif en général», avant de rappeler que «c'est le devoir du gouvernement de saisir chaque tribune qui puisse s'offrir à lui pour, à chaque fois, communiquer», déplorant que l'Exécutif passe son temps à faire des démentis pour des informations. Il estime que si «on communiquait un peu plus, on n'aurait pas besoin de faire de démenti» et que le gouvernement «a tout intérêt à le faire». Cette recommandation souligne le besoin croissant de tirer les ministres de la «torpeur» qui les caractérise. Comme les ministres agissent sur commande, en s'exécutant cette fois-ci, ils vont donner le meilleur d'eux-mêmes et se montrer à la hauteur des espérances. Et si jamais, au gouvernement on se hasarde à communiquer, cela est mal fait, alors très mal. C'est fait comme exprès pour soulever des remous sociaux, sinon pour «fabriquer» des mécontents contre le président de la République qui a eu la bonne foi de les nommer. Or, il relève d'un constat fait par tout Algérien que les membres de l'Exécutif sont si «frileux» qu'ils se gardent de s'ouvrir au public à qui des comptes sont quotidiennement demandés. Le gouvernement ne communique pas: à qui incombe la faute? Le Premier ministre a supprimé dès sa prise de fonction le poste de porte-parole du gouvernement qui a habitué les journalistes un moment à des conférences de presse bihebdomadaires. Ces séances d'explication et de vulgarisation de textes de loi ont pourtant considérablement amélioré les relations presse-gouvernement. En quoi est-il difficile de servir son pays en commençant par mettre à la disposition de sa population des informations qu'elle est en droit de connaître sur la vie de ce même pays? Pourquoi lorsqu'on devient membre d'un gouvernement, on s'avise que toute information sur la nation relève du secret d'Etat. Or, le président de la République tient à la culture du résultat. Et le résultat, le vrai, que veut le chef de l'Etat, ce n'est pas celui qu'un ministre s'active à faire savoir au Président par voie de rapports, mais plutôt ce résultat vécu par la population au quotidien. Et là, le Premier ministre doit s'activer davantage pour faire comprendre à ses ministres le bien-fondé d'une information qui peut paraître anodine pour le responsable gouvernemental mais d'un précieux concours pour le citoyen en général. Combien de fois a-t-on vu des ministres se contredire ou se faire rappeler à l'ordre par le Premier ministre sur des chiffres avancés, des projets de loi en discussion ou des sujets sensibles? Disons-le tout net. Notre gouvernement a toujours communiqué à... sa manière. Depuis des années, il a ignoré les canons de la communication. Cette fois-ci, il semblerait qu'il veuille mettre le holà. Et la première mesure à prendre est celle de rétablir la fonction de porte-parole de gouvernement et la confier à un «mastodonte» de la communication. La directive gouvernementale n'en sera que plus renforcée. La seconde et la plus difficile à mettre en oeuvre est de rétablir dans leurs missions essentielles les cellules de communication ministérielles qui restent encore aujourd'hui confinées dans un rôle qui ne les honore guère. La communication gouvernementale est importante pour expliquer les objectifs des réformes, les buts à atteindre et le message à faire passer. Mais, mieux vaux tard que jamais. Quand on pense que le plus petit organisme dispose d'une cellule de communication, il faut avouer que le retard pris par le gouvernement est grand! Le manque de confiance a eu le temps de s'installer. L'incompréhension aussi.