Le Forum des chefs d'entreprise (FCE), qui a beaucoup contribué à la réélection de Abdelaziz Bouteflika à un troisième mandat présidentiel, en le soutenant activement lors de la campagne électorale, vient d'adresser au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, fraîchement reconduit à son poste, une correspondance dans laquelle il l'interpelle sur le sort peu enviable réservé au complexe de production de papier et emballage de Bou Ismaïl, réalisé par la société Tonic Emballage. Dans cette lettre datée de la fin avril 2009, cette association patronale, qui regroupe les plus importantes entreprises privées et publiques algériennes, a exprimé sa vive inquiétude concernant la situation d'enlisement dans laquelle ce joyau de l'industrie a été relégué, en raison de sa longue et injustifiée mise sous séquestre judiciaire qui remonte à l'année 2005. Le FCE affirme, à juste titre, que l'enlisement en question « renvoie un message plutôt négatif en direction des investisseurs qui prennent des risques pour investir dans un contexte que tout le monde sait difficile ». Le Forum des chefs d'entreprise ne s'est pas seulement contenté d'attirer l'attention du Premier ministre sur l'état catastrophique dans lequel se trouve aujourd'hui le complexe Tonic Emballage, la correspondance, qu'il lui a adressée, contient une proposition susceptible d'être mise en œuvre en vue d'apporter une solution heureuse aux difficultés de la société. La solution à laquelle souscrit entièrement le FCE, est-il mentionné dans la lettre adressée au Premier ministre,« vise à sauvegarder l'important outil de production Tonic Emballage, à travers un partenariat avec d'autres investisseurs privés algériens, à construire sur la base de l'élargissement de l'actionnariat du groupe Tonic, la fusion de toutes les sociétés qui le constituent et la création d'une société par actions unique, qui reprendra et poursuivra les activités du groupe ». Le sauvetage du complexe est présenté, également à juste titre, comme un impératif, car, y est-il mentionné, « cet outil de production, dont les capacités peuvent couvrir une très large part des besoins de l'économie nationale en emballage, constitue un atout sérieux pour notre économie, que ce soit en termes d'emplois direct et indirect susceptibles d'être créés, qu'en ce qui concerne la substitution à l'importation qu'il est en mesure de réaliser et des excédents à l'exportation qu'il pourrait dégager ». La correspondance du FCE, à Ahmed Ouyahia, apporte de précieux éclairages sur les capacités productives de ce complexe qui pourrait couvrir jusqu'à 60% des besoins de l'économie nationale en papier et emballage, sans omettre l'effet d'entraînement bénéfique qu'il pourrait avoir sur nos entreprises de transformation de papier. Elle s'étale également sur le nombre impressionnant d'emplois direct et indirect que pourrait offrir ce complexe, en signalant la constitution par la société Tonic Emballage, d'un vaste réseau de récupération de papier, pouvant employer des milliers de personnes, et notamment des jeunes, sur l'ensemble du territoire national. Il s'agit là d'un gisement considérable d'activité et d'emplois dans notre pays où la récupération du papier pourrait atteindre allégrement 500 t/jour, si évidemment, elle est sérieusement prise en charge. Le FCE souligne, en outre, les bienfaits de l'activité du complexe Tonic Emballage sur l'environnement puisqu'il a permis de se substituer à l'emballage en plastique, désastreux pour la nature, l'emballage en papier pour divers usage alimentaire et pour la préservation de l'environnement urbain. Le FCE termine sa lettre « en réitérant son sentiment que l'outil de production de Tonic Emballage mérite un traitement qui va dans le sens de son maintien et de son développement, conforté en cela par le fait que les expertises effectuées par deux organismes de renom (KPMG et INPED) ont établi la viabilité de cet outil et son potentiel de remboursement de la dette d'investissement contractée par la société ». Le Forum des chefs d'entreprise, estimant que la proposition de Abdelghani Djerrar, sur laquelle il fonde sa proposition de sortie de crise, digne d'intérêt a, enfin, affiché sa disponibilité pour prendre part, par un engagement de ses membres, à toute solution qui serait fondée sur la reconstruction de l'actionnariat du groupe Tonic, la redéfinition de son mode de management et de son plan de développement. Rappelons que Ahmed Ouyahia, auquel cette interpellation est destinée, s'est déjà positionné à l'occasion de la campagne présidentielle comme un fervent défenseur du sauvetage du complexe Tonic Emballage. Au cours d'un meeting qui s'était tenu à proximité du complexe de Bou Ismaïl, il avait même promis à la population de la région, fortement éprouvée par le chômage, qu'il allait peser de tout son poids pour remettre à flot ce fleuron de l'industrie papetière et qu'il n'était pas question de le laisser ainsi dépérir.