La planète foot est en train de prendre un chemin dont peu de spécialistes émérites peuvent prédire la destination finale. Le transfert historique du Portugais Cristiano Ronaldo (plus de 93 millions d'euros) a complètement affolé les hauts responsables du football européen et mondial. Même les politiciens se sont mêlés de cette «affaire» qui défraie déjà la chronique sportive. Chez nous, le transfert d'un gardien de but récemment appelé en équipe nationale a atteint des sommets puisqu'un contrat d'une année lui a été proposé en échange d'un pactole de l'ordre de 1,7 milliard de centimes par le récent champion d'Algérie sans que personne ne bouge le petit doigt. Pourtant, la Fédération algérienne a bien pondu une directive interdisant toute signature d'un contrat ne dépassant pas les deux ans. Il est urgent pour les instances nationales de plaider pour l'intégration dans le football d'une mesure indispensable et urgente: limiter les dépenses des clubs consacrées aux transferts de joueurs, car il y va de la survie des petits clubs de football prêts à imploser. Aucune activité ne fonctionne sans règles écrites ou non. Le moins que l'on puisse dire, c'est que nos dirigeants, à défaut de lucidité et de grande vision, ne manquent pas d'air; en d'autres termes, ils sont vraiment gonflés. Des décisions importantes ont été prises pour le développement de la pratique: des règles de gestion ont été instaurées depuis belle lurette mais on continue pourtant à acheter et vendre des joueurs au su et au vu de tout le monde mais toujours à l'insu des services des impôts qui ferment les yeux et se bouchent les oreilles. Pourtant, ces transferts sont quotidiennement rapportés par la presse sportive et il suffit aux gens des contribuables de s'autosaisir et aller enquêter illico presto pour découvrir le pot aux roses. Ces sommes colossales ne sont jamais déclarées au fisc. Les petites gens, les smicards sont pourtant «imposés» à la source. Pourquoi donc fermer les yeux sur cette pratique déjà vieille de 10 ans? Chaque année, lors du mercato d'été ou celui d'hiver, des centaines de joueurs sont «achetés» ou «revendus» à des prix qui dépassent l'entendement. Existe-t-il un blanchiment d'argent derrière tout cela? Les présidents de clubs sont-ils «complices» dans ce jeu-là? Et ceux de la Fédération pourquoi n'interviennent-ils pas pour mettre le holà à ces pratiques frauduleuses car il s'agit bien de l'argent qui échappe totalement au contrôle bancaire, et par voie de fait, au système fiscal. Toutes ces questions méritent d'être clarifiées par les responsables du football qui sont en charge de la gestion financière des clubs. Tout près de chez nous, la France pour ne pas la nommer, a mis en place des règles de contrôle strictes par le biais d'une direction nationale chargée de suivre pas à pas tous les clubs de football dans leur gestion financière. Pour bien comprendre un problème, il faut revoir les questions pertinentes. En voici deux que nos dirigeants auraient été bien avisés de se poser: «Est-ce que les dirigeants du football dépensent trop parce qu'ils aiment dépenser?» «Depuis quand cette volonté de dépense s'est-elle concrétisée dans cette activité?» Et ce malgré le fait que les clubs ont su trouver de nouvelles recettes avec le sponsoring, le marketing, une diversification mais surtout les droits télé. Les réponses à toutes ces questions font ressortir clairement l'origine et le pourquoi du problème, donc, ce qui doit être changé. Pour ceux, et nous pensons ici à nos «grands dirigeants», qui n'auraient pas perçu au travers de ces questions l'endroit où se situe le problème et la nature de ce même problème, il n'est peut-être pas inutile que l'on soit plus précis. Le problème du football se situe au niveau des règles qui gèrent les rapports entre joueurs et clubs, autrement dit, au niveau des contrats et des transferts. En matière de football, les dirigeants de nos institutions ont été les premiers responsables de l'état économique des clubs. Par extension, on peut dire qu'en matière de société, nos politiques sont les premiers responsables des désordres à venir. Le football est le reflet de la société. Sans doute que l'analyse et les solutions sont les mêmes. Il nous paraît que cette crise, tout comme pour le football, n'est pas le résultat d'une absence de règles, elle est le résultat de l'inapplication des règles.