Les trois adversaires malheureux du candidat du pouvoir ont déposé une contestation devant le Conseil des Gardiens de la Constitution et demandé l'annulation des résultats du scrutin. L'opposition iranienne continuait mercredi à défier le pouvoir, appelant à de nouvelles manifestations et à l'annulation des résultats de la présidentielle, alors que les autorités accentuaient la pression sur les médias étrangers et le camp réformateur. Le pouvoir est confronté à sa plus importante contestation populaire en 30 ans depuis l'annonce samedi de la réélection de l'ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad à la présidentielle, une victoire contestée par son principal rival Mir Hossein Moussavi soutenu par les réformateurs, qui a crié à la fraude. M.Moussavi, qui a déposé avec les deux autres candidats, Mehdi Karoubi et Mohsen Rezaï, une contestation des résultats devant le Conseil des Gardiens de la Constitution, a réitéré son appel à l'annulation du scrutin du 12 juin et à de nouvelles élections, dans un communiqué sur son site Internet. «Nous souhaitons une protestation calme contre la manière malsaine dont a été tenue l'élection et nous poursuivons l'objectif de son annulation et de sa répétition, d'une façon garantissant que cette fraude honteuse ne se reproduise pas», a-t-il dit. Au lendemain de leur marche dans le calme mardi, les supporteurs de M.Moussavi devaient se retrouver mercredi à 17h00 locales (13h30) sur la place Haft-é Tir, l'une des principales du centre de Téhéran, malgré l'interdiction des manifestations par les autorités. Le mot d'ordre pour ce rassemblement a été relayé par des e-mails dont l'un disait: «Marche de protestation contre les résultats des élections (...) Le rassemblement se tiendra en silence et sans slogan.» M.Moussavi a aussi appelé à une marche et à une journée de deuil jeudi pour les sept civils morts lundi à Téhéran dans des heurts entre manifestants et miliciens islamistes alliés du pouvoir, lors d'une imposante manifestation de protestation. «M.Moussavi demande au peuple iranien de se rassembler dans les mosquées et tenir des marches pacifiques pour consoler les familles des martyrs et blessés dans les récents évènements», selon le site. Ne lâchant pas non plus la pression, le pouvoir a accusé de son côté des médias occidentaux non identifiés d'être les «porte-parole» des «émeutiers» et a limité la couverture des événements par la presse étrangère. Il a aussi multiplié les arrestations de réformateurs et protesté auprès d'ambassadeurs. Le ministère des Affaires étrangères, avertissant que ces médias occidentaux seraient mis «échec et mat», affirme que ses accusations viennent «en réaction aux commentaires d'ingérence de certains responsables et médias occidentaux». Les autorités iraniennes considèrent traditionnellement les représentants de la presse étrangère comme obéissant aux ordres de leurs pays respectifs. La presse étrangère est interdite depuis mardi de couvrir les manifestations «illégales» ou tout événement ne se trouvant pas «au programme» du ministère de la Culture. Après l'arrestation de politiciens, conseillers, analystes et journalistes réformateurs appuyant M.Moussavi, les autorités ont arrêté l'universitaire et sociologue Hamid Reza Jalaïpour, et l'économiste et analyste Saïd Laylaz, à leurs domiciles respectifs, selon leurs proches. Selon le quotidien Etemad Melli, un ex-porte-parole du ministère de l'Intérieur Jahanbakhsh Khanjani et trois journalistes ont aussi été interpellés. La veille, le ministre des Renseignements Gholam Hossein Mohseni Ejeie avait annoncé l'arrestation de 26 «cerveaux» responsables des «troubles». La communauté internationale a exprimé son inquiétude sur la situation à Téhéran où depuis samedi des manifestations de protestation contre le nouveau mandat de quatre ans de M.Ahmadinejad (63% des voix au 1er tour) se déroulent tous les jours, la plus imposante ayant rassemblé des centaines de milliers de manifestants lundi.