L'opposition réformatrice serait-elle en perte de vitesse malgré les dénégations de Mir Hossein Moussavi, qui assure continuer son combat pour la liberté d'expression et les droits de l'homme ? Hier, samedi 12 juin, marquait le premier anniversaire de la réélection contestée du président iranien Mahmoud Ahmadinejad. Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, tous deux candidats ayant fortement contesté la victoire du président sortant qu'ils ont accusé de fraudes massives, avaient projeté d'organiser à cette occasion une gigantesque manifestation de protestation silencieuse et sans mots d'ordre. En plus des partisans des deux leaders, dix autres organisations, contestant toutes les résultats du scrutin de juin 2009, devaient y prendre part, ce qui augurait d'un succès certain en matière de mobilisation. Mais Mir Hossein Moussavi et Mehdi Karoubi, craignant à juste titre une forte répression, ont préféré annuler la manifestation et ont provoqué ainsi la déception de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton. Les autorités iraniennes ont en effet annoncé qu'elles ne toléreraient pas de “manifestations illégales” et ont accompagné leur menace d'un impressionnant déploiement de forces de police dans les quartiers sensibles de Téhéran. “Au vu de la répression qui a frappé durant l'année passée des gens dont le seul crime était de réclamer leur vote de façon pacifique, et compte tenu des informations sur la mobilisation des extrémistes et des forces répressives, nous demandons à la population de poursuivre ses revendications par d'autres méthodes plus efficaces et moins coûteuses que les manifestations”, ont déclaré les deux candidats malheureux à la présidence de la République islamique. L'opposition réformatrice serait-elle en perte de vitesse malgré les dénégations de Mir Hossein Moussavi, qui assure continuer son combat pour la liberté d'expression et les droits de l'homme ? Des observateurs assurent, en tout cas, que la popularité de ce dernier est en déclin et que la résistance au régime s'essouffle, affaiblie par les coups rudes que lui a portés le pouvoir. Les dernières grandes manifestations hostiles au régime et au président Ahmadinejad ont eu lieu en décembre et se sont soldées par au moins huit morts et de nombreuses arrestations. Les manifestations de protestation ont commencé dès l'annonce, au lendemain du scrutin du 12 juin 2009, de la réélection du président Ahmadinejad dès le premier tour avec le score surréaliste de 63%. Malgré une répression féroce menée conjointement par la police, les milices bassidjis, les Gardiens de la révolution (Pasdarans) et des agents non identifiés, les manifestations ont persisté plusieurs jours et on reconnaît officiellement pas moins de 70 morts alors que les arrestations se comptaient par milliers et que les cas de tortures et de maltraitance dans les prisons étaient légion. Même s'il a un moment vacillé, le régime semble bel et bien avoir repris les choses en main, le spectre de la répression, les difficultés économiques et la crise nucléaire ne plaidant pas en faveur d'une mobilisation forte et permanente de l'opposition. On comprend, dès lors, les regrets de la diplomate en chef de Washington à l'annonce de l'annulation des manifestations du 12 juin, elle qui espérait que les pressions intérieures viendraient s'ajouter aux sanctions internationales pour isoler et fragiliser davantage les dirigeants de Téhéran. Pour l'heure, les nouvelles sanctions ne semblent pas avoir ébranlé outre mesure Mahmoud Ahmadinejad, qui radicalise d'autant plus son discours, allant jusqu'à défier la communauté internationale en qualifiant, entre autres gentillesse, la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU de “bout de papier” sans valeur.