Le Dr Chrikh du CHU de Beni Messous regrette l'absence de lois interdisant l'obtention du permis de conduire pour les personnes souffrant de ces troubles. S'ajoutant aux diverses causes de la mortalité routière ayant fait de l'Algérie un «mauvais leader» du Continent noir, les troubles du sommeil souvent négligés s'avèrent, à plus d'un titre, fatals. «22% des accidents de la circulation sont causés par des conducteurs souffrant de troubles du sommeil», a affirmé le Dr Nadia Chrikh, spécialiste en médecine du travail au CHU Hassan-Issaad de Beni Messous, vendredi à Alger. Plus grave encore, «les symptômes de l'apnée du sommeil ne sont pas classés dans la liste des maladies et ne sont pas également diagnostiqués de manière précise», souligne la conférencière. Si les spécialistes de la santé tirent la sonnette d'alarme, c'est parce que la situation est gravissime. Dans son intervention, le Dr Nadia Chrikh, spécialiste en médecine du travail, a appelé la Commission nationale du permis de conduire à tenir compte des troubles du sommeil, cause d'accidents de la route. Nombre de ces malheurs sont dus à un manque de sommeil, synonyme d'une perte, partielle ou complète, de contrôle. S'exprimant au dernier jour du 2e Séminaire euro-africain de l'asthmologie, allergologie et immunologie intitulé «Médecine du travail et syndrome de l'apnée du sommeil», la conférencière estime qu'il est grand temps de bien analyser les raisons d'un accident quelconque avant de procéder aux sanctions. La Commission nationale du permis de conduire est mise à l'index. Selon l'oratrice, elle sanctionne les contrevenants au Code de la route et les excès de vitesse mais «ne tient pas compte des troubles du sommeil dont sont sujets certains conducteurs et qui sont à l'origine d'accidents de la route». Les débats sur le permis de conduire ne datent pas d'aujourd'hui. Depuis les deux dernières décennies, une période durant laquelle le nombre de conducteurs et aussi de morts sur la route ont augmenté, plusieurs décisions ont été prises. Des modifications ont été apportées au Code de la route, les amendes sont aujourd'hui multipliées...sans pouvoir arrêter l'hécatombe sur nos routes. Au contraire, avec une moyenne de 11 à 12 morts toutes les 24h, la route ne fait que compter ses victimes. Que faire alors pour juguler ce phénomène? A cette question, les orfèvres en la matière ne trouvent pas de solution. Allant plus loin dans sa communication, le Dr Chrikh, membre de l'association de recherche en maladies respiratoires et du sommeil, regrette l'absence de lois interdisant l'obtention du permis de conduire pour les personnes souffrant de troubles ou du syndrome d'apnée du sommeil. L'absence du contrôle médical permet, malheureusement, à tout postulant ayant l'âge requis de figurer parmi les candidats à l'obtention du permis de conduire. Et c'est à ce niveau que réside le drame. On conduit malgré une dégradation de nos conditions de santé. Le Dr Chrikh a en outre souligné que le secret médical interdit au médecin de révéler l'état du malade souffrant de troubles du sommeil. Dans son «réquisitoire», elle regrette également que les troubles du sommeil ne soient pas déclarés dans le cadre d'accidents du travail. En données chiffrées, la conférencière a précisé que «25% des sujets à ces troubles ont eu des accidents du travail ou de la route». La spécialiste a présenté une étude réalisée en collaboration avec le laboratoire chargé du diagnostic du syndrome d'apnée du sommeil (SAS) du CHU Beni-Messous. Ce travail ayant touché 170 personnes souffrant de troubles du sommeil, âgées de plus de 40 ans et activant dans différentes spécialités, a démontré que 14% des personnes concernées représentent un danger spécifique.