Jeune, diplômé et chômeur. Triptyque presque banal. Sauf que ça fait mal. L'emploi a son plan de promotion lancé le mois dernier pour s'étaler jusqu'à 2013, selon Tayeb Louh, le ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale; le chômage ne devrait donc pas connaître une augmentation lors de cette année. Rien que pour le soutien de ce programme de création d'emplois de jeunes, l'Etat a mobilisé une enveloppe de 42,5 milliards de dinars. Les universitaires et les techniciens supérieurs seront les premiers à bénéficier de ce dispositif. Les universitaires bénéficient même de 12.000 dinars pendant une année lorsqu'ils sont embauchés par une entreprise. L'appui de l'Etat intéresse ainsi même les employeurs car ils auront l'occasion de recruter un diplômé à qui le Snmg est assuré. Les jeunes disposant du niveau secondaire ou n'ayant subi aucune formation ont intégré ce dispositif. Selon les estimations, l'application de cette stratégie permettra de réduire le taux de chômage à 10% à l'horizon 2009-2010 et à moins de 9% pour la période 2011-2013 contre 11% actuellement. Si l'intérêt se porte à nouveau sur ces deux dossiers que sont l'emploi et la jeunesse, c'est que le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, en a fait une promesse électorale lors de son discours à Arzew à l'occasion du 24 février dernier. Il était même question d'exonérations fiscales accordées aux entreprises. Le ministère de l'Emploi a transmis des propositions au gouvernement pour figurer dans la loi de finances complémentaire de l'exercice en cours, mais on ignore sous quelle forme elles sont retenues. Le ministre des Finances, Karim Djoudi, s'est satisfait à dire récemment devant la presse que l'encouragement de la création de l'emploi est une préoccupation qui sera prise en charge par son département, à l'instar des autres promesses du Président. La question qui se pose est de savoir si les postes ainsi créés seront permanents ou temporaires. Il faut aussi que les employés puissent savoir s'ils seront destinataires d'un salaire leur assurant des conditions de vie décentes ou s'il ne s'agira que de postes rémunérés en deçà du Snmg. Des ingénieurs et des médecins sont effectivement dans cette situation lorsqu'ils sont employés par des collectivités locales. Le recrutement dans l'administration ira crescendo. La création des nouvelles wilayas va susciter de nouveaux besoins en main-d'oeuvre qualifiée et les jeunes seront appelés à occuper ces postes. Mais il est illusoire de penser que la Fonction publique sera capable, à elle seule, d'absorber tous les demandeurs d'emploi. Selon un sondage effectué par l'ONS, l'année dernière, il en ressort que 56,6% des 9,1 millions de travailleurs sont occupés dans les secteurs du commerce, de l'administration et des services. Le bâtiment arrive en deuxième position avec 17% des occupés. De nombreux emplois reviennent aux jeunes. Pourtant, c'est cette catégorie que le chômage touche le plus. Un million de chômeurs ont été recensés en 2008. Trois chômeurs a quatre sont jeunes. Ils sont âgés pour 75% de moins de 30 ans. 87% ne dépassent pas 35 ans. Qui sont-ils? On sait que 140.000 ont moins de 20 ans, 388.000 ont entre 20 et 24 ans. Les 25-29 sont 348.000 à être sans emploi et 149.000 ont entre 30 et 34 ans. 69.000 autres chômeurs sont décelés parmi la population ayant entre 35 et 39 ans. Au-delà de cet âge, le nombre diminue. 232.000 chômeurs ont poursuivi des études supérieures dont 141.000 filles contre seulement 91.000 garçons. Pour ceux issus du secondaire, le chiffre est plus élevé pour atteindre 247.000 personnes dont 83.000 sont des filles. Les cadres mettent deux ans à la recherche d'un emploi. Un grand nombre d'entre eux acceptent un travail, quel que soit le salaire. Le pré-emploi en est la preuve. Les emplois offerts peuvent être en deçà des aptitudes professionnelles, éloignés du domicile, voire situés dans d'autres wilayas. Les jeunes diplômés ne font pas exception à ces règles car la détresse devant le désoeuvrement est partagée par tous et de la même manière. Pourtant, les jeunes sont déjà bien représentés dans le monde du travail. Entre l'âge de 15 et 19 ans, il y a 415.000 travailleurs. Ensuite, on trouve que pour chaque palier de 5 ans, il y a plus d'un million de personnes à occuper des emplois et cela jusqu'à la tranche des 40-44 ans. Il est donc normal que la jeunesse fournisse les plus grandes cohortes qui créent les richesses. C'est d'autant plus logique que les moins de 15 ans ne sont pas comptabilisés et que le nombre des actifs diminue à partir de 45 ans. Ceux âgés entre 45 et 49 ans, ne sont que 916.000 dans cette situation. Malgré cette pyramide, l'Etat ne cesse de prospecter de nouvelles pistes pour améliorer l'offre d'emploi. C'est le cas en ce qui concerne la décision d'installer 100 locaux commerciaux dans chaque commune. La bonification des prêts pour la création des entreprises fait aussi partie de cette panoplie. Ces initiatives ne rencontrent pas souvent un franc succès car la chaîne d'exécution tarde le plus souvent à suivre. Les banques, par exemple, ont été prises à partie à plusieurs reprises par les représentants du gouvernement pour dénoncer leur peu d'empressement à s'inscrire dans les objectifs de l'Etat.