Le théâtre représente aussi une pratique divertissante mais davantage éducative qui peut structurer, à un âge très jeune, le mode de pensée. «Les enfants de Ghaza, hommes de demain», tel est le thème de la 2e édition des «Journées théâtrales pour enfants» organisée par l'association Abderrahmane-Kaki de Mostaganem dont le coup d'envoi sera donné dimanche prochain, selon le commissaire, M.Mohamed Takiret. L'objectif de cette initiative est d'être solidaire des enfants de Ghaza par l'action théâtrale et culturelle. Nous aurions aimé faire plus, mais cet appel du coeur de la part de ces innocents n'est qu'une preuve d'amour et de soutien indéfectible à ce peuple qui subit depuis, nous déclarera Mohamed Takiret président de ladite association. Ce rendez-vous, qui se poursuivra jusqu'au 14 du mois en cours, regroupera plusieurs troupes nationales, à l'instar de Gouala de Relizane, El Anouar de Aïn Témouchent, Ibdaâ El Djazaïr d'Oran, Aïn Defla, Alger, Théâtre régional de Tizi Ouzou, Foursane Arakh d'Adrar, Kateb Yacine de Sidi Bel Abbès, Ech Chourouk de Djelfa...Pour ceux qui ne connaissent pas celui qui a prêté son nom à la manifestation, Abdelkader Ould Abderahmane, dit Abderahmane Kaki (1934-1995), c'est l'une des grandes figures du théâtre algérien des années 60 et 70. Metteur en scène et auteur, né à Mostaganem, il fait ses classes dans le théâtre amateur, devient instructeur d'art dramatique et fonde sa propre troupe en 1958. Durant cette période, il adapte et met en scène Plaute, Carlo Gozzi, Eugène Ionesco et Samuel Beckett, avant de monter Avant-théâtre qui regroupe trois de ses propres textes. Il est également administrateur de théâtre et directeur de troupe et s'illustre, entre 1962 et 1977, avec une dizaine de pièces. Fin connaisseur des travaux de Stanislavski, Craig, Meyerhold, Piscator et Brecht, tout en se cherchant une voie esthétique, Abderahmane Kaki se préoccupe de langue, de travail d'acteur, de décor, de lumière, de musique et de rythme. «Engagé et didactique» selon l'universitaire Wadi Bouzar, son théâtre se nourrit aux sources d'un riche patrimoine oral. Il sera ainsi le premier à investir les ressources de la forme traditionnelle de la halqa (ronde) et du meddah (conteur). Celui qui est considéré comme l'un des pères du théâtre maghrébin contemporain, a vu son travail et ses recherches distingués à Tunis, Le Caire et Berlin. Longtemps immobilisé par un grave accident de voiture dont il fut victime en 1969, Abderahmane Kaki devait s'éteindre le 14 février 1995 à Oran. Au programme également, une lecture d'une nouvelle pièce pour enfants qui sera animée par Abed Boukhabza, metteur en scène, qui se chargera d'attirer (obstinément) les enfants vers les livres et la lecture. Autre pratique si bénéfique, comme on le sait, et si délaissée. Une rencontre thématique, cette fois-ci destinée aux adultes, est aussi au programme. D'éminents hommes de culture à l'instar de M. Lakhdar Mansouri qui présentera une conférence intitulée «Le texte pour enfants», quant à H'mida Ben Allam, il répliquera dans «La mise en scène pour enfants». Ce sera une nouvelle occasion pour retracer le chemin parcouru par le 4e art, ce sera ainsi une occasion aussi pour évoquer les livres publiés dans cet esprit de rétrospective. En reconnaissance de leurs parcours, des hommes de théâtre y seront honorés. Des prix seront distribués aux lauréats des épreuves «résumés des pièces de théâtre» et «atelier de lecture». Les «Journées du théâtre pour enfants» seront ainsi l'argument initiateur pour donner à des activités cultuelles et artistiques de se déployer. Au-delà, le théâtre représente une pratique divertissante, mais davantage éducative qui peut structurer à un âge très jeune le mode de pensée. Le souhait, c'est que le maximum d'enfants des régions environnantes y prennent part et puissent en tirer profit.