L'association des parents d'élèves de l'établissement scolaire d'Ighil Ouazoug menace de boycotter la prochaine rentrée scolaire. La cour d'école de la cité «Remla» n'est plus qu'un trou béant, une énorme saignée, de plus d'une centaine de mètres de long et d'un peu plus d'une dizaine de mètres de large sur une profondeur d'au moins six mètres. C'est ce que nous avons pu constater, jeudi, tard dans la soirée, après avoir été sollicités par l'association des parents d'élèves de l'école primaire nouvelle d'Ighil Ouazoug, un proche quartier de la capitale des Hammadites. Un triste spectacle dont le fil de l'histoire nous a été retracé par le président et le vice-président de l'APE (association des parents d'élèves) qui se sont montrés très inquiets pour l'avenir des 300 jeunes élèves qui doivent rejoindre les bancs de leur école au mois de septembre. Ils en veulent particulièrement aux autorités locales qui ont permis de rendre possible la réalisation d'un tel projet. «Nous avons du mal à comprendre qu'au coeur même de l'établissement responsable de l'éducation, de l'instruction et de la protection de nos enfants, qui, pour certains d'entre eux, ne sont âgés que de cinq ans, on ait décidé de construire des logements au détriment de leur bonne prise en charge» regrette, visiblement affecté mais pas du tout décidé à baisser les bras, le président de l'APE. Selon notre interlocuteur, tout a commencé en 2003 lorsque l'agence foncière de la ville de Béjaïa a vendu ce lot de terrain qui faisait partie intégrante de l'établissement scolaire, ainsi qu'un espace vert le jouxtant, à des enseignants regroupés en promotion immobilière portant la dénomination très poétique: Arc-en-ciel. «C'est justement ce jour là que le ciel nous est tombé sur la tête», confie M.Djedi sur sa lancée, avec un ton ironique qui cachait mal sa révolte. Le projet a pour objectif la construction de 51 logements répartis en cinq blocs. Le permis de construire a été délivré en 2006 par l'ancien maire de Béjaïa tandis que l'école a vu le jour en 1997. Soit pratiquement une décennie avant. Les entreprises en charge de la réalisation de ce projet ont attendu le début des vacances scolaires de l'année scolaire 2008-2009 pour entamer les travaux. Les pelleteuses ont commencé leur besogne. Deux mises en demeure du premier magistrat de l'APC n'ont pas réussi à stopper leur ardeur, brandissant à chaque fois le fameux document délivré par l'agence foncière qui attestait de l'acquisition de la cour d'école par les membres de la promotion immobilière d'Arc-en-ciel. «Un terrain appartenant à la commune» a tenu à préciser le président de l'APE en présence de son trésorier. Interpellé le président de l'APW porta l'affaire au plus haut niveau. Devant cette «aberration» le wali, Ali Bedrici, prit la décision de stopper les travaux après avoir délégué une commission d'enquête. Les parents d'élèves demandent à ce que la cour soit restaurée à l'identique. Mercredi, le maire, à la tête d'une délégation composée de son SG, de la directrice par intérim de l'agence foncière, du directeur technique de l'APC et d'un élu (favorable au projet, selon nos informateurs) tente une médiation. Il propose la construction d'un mur de soutènement pour que les travaux se poursuivent. Une proposition à laquelle M.Djedi opposa un «niet» catégorique. La vie des enfants est menacée. Présentement, un mince grillage fait office de clôture pour ce qui reste de la cour d'école qui surplombe désormais un précipice de plusieurs mètres de haut. Les buts du terrain de handball y sont adossés ainsi que le préau qui a été démonté. «Le revêtement de la cour d'école qui est tout récent a coûté 1,2 million de dinars et le préau sous lequel s'abritaient nos enfants, les jours de pluie, 290 000 dinars. De l'argent jeté par les fenêtres», soupira M.Djedi. Les 300 chérubins risquent quant à eux d'être extrêmement choquées par le spectacle désolant qu'offre leur petite école.