Le département de la Santé continue à diffuser ses messages par le biais de communiqués laconiques alors que le ministre reste muet. Trois nouveaux cas de grippe A H1N1 ont été enregistrés hier en Algérie, mais même en frôlant la cinquantaine de malades, il n'y a toujours pas de changement dans la stratégie de communication des premiers concernés par la gestion de ce dossier. Saïd Barkat, ministre de la Santé, se mure toujours dans le silence au lieu de descendre dans l'arène et affronter les questions des citoyens sur l'évolution de la grippe A H1N1. Face à la déclaration, presque chaque jour, des cas de grippe porcine, les Algériens sont inquiets. Ils sont d'autant plus inquiets que des rendez-vous importants attendent les familles algériennes comme le Hadj et surtout la rentrée scolaire qui concerne 8 millions d'élèves. Il faut donc que le ministre de la Santé parle et rassure les familles car il en va de la santé publique. C'est d'ailleurs la méthode de relations publiques la plus efficace qui aurait dû être adoptée pour dissiper les doutes sur l'existence d'un décès suite à cette maladie. L'information avait circulé tout le long de la journée d'avant-hier, pour qu'en fin de journée, le ministre prenne le soin de publier un communiqué (toujours la même technique) pour affirmer que l'Algérie n'a enregistré aucun décès. Des informations avaient pourtant fait état de la découverte du virus de la grippe suite à l'autopsie sur une personne décédée dans un hôpital. Le ministère a bien promis d'agir avec transparence dans sa communication sur le dossier mais il a omis de préciser s'il allait utiliser des techniques offensives ou non. Il a jugé qu'il suffisait de publier des communiqués pour que l'opinion publique reste informée sur la réalité de cette maladie en Algérie, sans pour autant verser dans le catastrophisme. Ces précautions ont surtout poussé le ministère à rappeler les gestes d'usage pour éviter la propagation de la maladie. Il est attendu qu'en axant les efforts sur l'éducation et la prévention, les citoyens seraient dans de meilleures dispositions pour faire face à la maladie. Les efforts d'ordre éducationnel devraient prouver leur efficacité car les médecins s'attendent à une propagation plus importante de la maladie en automne, notamment par la conjonction avec la grippe saisonnière. Les conseils de prévention sont absolument nécessaires car le corps médical n'est pas bien préparé pour prendre en charge un flux important de malades. Il faut que les citoyens sachent que le lavage fréquent des mains et le port du masque sont des actions ayant prouvé leur efficacité dans la prévention contre la grippe. L'application des conseils de prévention est susceptible d'éviter un rush de personnes soupçonnées d'être atteintes du virus vers les hôpitaux qui n'ont pas la capacité de faire face à ce genre de situations. Il n'y a même pas d'équipes médicales spécialisées à El-Kettar pour assurer la surveillance des malades qui y séjournent en moyenne deux jours pour s'assurer de l'efficacité du traitement administré avant de rentrer chez eux tout en restant isolés. Ces carences sont graves au moment où les différentes structures de l'enseignement s'apprêtent à recevoir 10 millions d'élèves, de lycéens, d'universitaires et de stagiaires de la formation professionnelle. Il y a aussi de fortes probabilités que les personnes se déplaçant aux Lieux Saints de l'Islam dans le cadre la Omra et du Hadj puissent contracter la maladie et la transmettre à d'autres citoyens si elle n'est pas prise en charge à temps. Habituellement, ce sont, en effet, les personnes revenues de voyages à l'étranger qui sont atteintes du virus H1N1. Mais le ministère de la Santé a annoncé hier dans un communiqué qu'un «adulte résidant en Algérie» a été contaminé. Les statistiques du ministère relèvent également que deux enfants revenus de l'étranger sont dans la même situation. Cela porte le nombre cumulé de malades à 46 depuis juin dernier. Les trois nouveaux cas ont été confirmés par les services du laboratoire de référence de la grippe de l'Institut Pasteur d'Algérie.Le traitement administré à ces trois personnes permettra d'améliorer leur état de santé. Ils sont d'ailleurs toujours hospitalisés dans des services de référence.