Il reste quatre mois à Barack Obama pour tenir sa promesse de fermer la prison de Guantanamo et trouver une solution pour 226 détenus, dont une partie seulement peut être inculpée ou libérée. Ouvert en janvier 2002, pour enfermer les suspects de terrorisme, le camp de Guantanamo, situé sur une base navale américaine louée par les USA à Cuba, est devenu le symbole des excès de la «guerre contre le terrorisme» de George W.Bush. Près de 800 hommes seraient passés par ses geôles et depuis l'arrivée de M.Obama, 14 ont été libérés, un a été déféré devant un tribunal fédéral et un s'est suicidé. Encore aujourd'hui, la prison compte des détenus aux situations très différentes, depuis celui qui a été innocenté par la justice et attend de trouver un pays d'accueil jusqu'aux hommes accusés d'avoir organisé les attentats du 11-Septembre. Ceci rend la question de sa fermeture particulièrement acrobatique, sans compter que certains contestent encore le choix de M.Obama. «Nous voulons dépenser des millions pour construire une prison haute sécurité aux Etats-Unis alors que nous en avons une ici», déclare à Guantanamo Lee Hanson, qui a perdu trois membres de sa famille dans un des avions qui se sont écrasés contre les tours du World Trade Center. Fervent partisan de l'interdiction faite à l'administration de transférer le moindre détenu sur le sol américain, Mitch McConnell, chef de la minorité républicaine au Sénat, refuse de «fixer une date butoir artificielle pour fermer Guantanamo». L'administration a néanmoins répété la semaine dernière son intention de fermer le camp à la date prévue par la voix de Daniel Fried, responsable des négociations avec des pays tiers pour l'accueil des détenus libérables. Concrètement, l'administration entend libérer environ 80 détenus, mais la majorité d'entre eux ne veulent ou ne peuvent retourner dans leur pays. Les Etats-Unis ont donc entamé des négociations pour trouver des pays d'accueil. Mais, a nuancé mardi à Guantanamo David Remes, qui défend une quinzaine de détenus, «nous ne pouvons en renvoyer que deux ou trois à la fois». A titre d'exemple, les négociations avec la France pour accueillir l'Algérien Lakhdar Boumediene ont pris près de trois mois. Le processus est ralenti par l'obligation faite par le Congrès au gouvernement de lui notifier tout départ au moins 15 jours à l'avance. Par ailleurs, 65 détenus peuvent être poursuivis devant des tribunaux militaires d'exception pour «crimes de guerre», assure à Guantanamo le chef des procureurs de ces tribunaux John Murphy. Très critiqués sous l'administration Bush pour le peu de droits qu'ils laissaient à la défense, ces tribunaux sont en voie d'être réformés par le Congrès. Face aux critiques qui ont salué leur remise en place, M.Obama a précisé qu'ils ne seraient utilisés que si un procès devant un tribunal de droit commun n'était pas «faisable». Reste une centaine de détenus dont le sort est incertain. Le président américain a demandé à ses services de plancher sur un système juridique de détention illimitée sans procès. Une des clés du problème réside dans la capacité des Etats-Unis de trouver un terrain d'entente avec le Yémen, pays dont sont originaires une centaine de détenus. Washington ne fait pas confiance à ce pays pour surveiller d'éventuels détenus qu'il lui renverrait.