Des peines de prison allant de cinq à huit ans ont été requises, jeudi à Annaba, par le représentant du ministère public à l'encontre des 10 accusés (6 Algériens et 4 Turcs) impliqués dans l'affaire de pêche et de transbordement illicite de 210 tonnes de thon dans les eaux territoriales algériennes. Le réquisitoire du représentant du procureur général a également réclamé la saisie des quatre bateaux, trois turcs et un algérien, et requis des amendes représentant dix fois la valeur de la quantité de poissons pêchés. Il a ainsi requis huit ans de prison à l'encontre de B.F., un cadre supérieur au ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques, six ans pour A.K., cadre central au même ministère, et cinq ans contre les autres prévenus dont S.M. et H.H. (propriétaires de deux embarcations algériennes dont une avait été arraisonnée) et contre les armateurs étrangers de nationalité turque. Dans son réquisitoire, le représentant du ministère public a insisté sur «le préjudice matériel et moral occasionné à l'économie nationale par la contrebande et la violation des lois», avant de demander des «compléments d'information sur la gestion de l'activité de pêche au thon par le ministère de la Pêche, de 2006 à ce jour». Les accusés étrangers ont tenté, au cours des audiences de ce procès, ouvert mercredi, d'écarter les accusations de contrebande et de pêche illicite, en justifiant leur présence dans les eaux territoriales algérienne par une «opération légale de transbordement de thon avec un bateau algérien». Le propriétaire du bateau algérien arraisonné, le Djazaïr, a aussi rejeté l'accusation de contrebande, soutenant avoir obtenu une «autorisation verbale du ministère concerné» pour la pêche de thon. Les deux cadres centraux du ministère de la Pêche et des Ressources halieutiques ont, à leur tour, récusé les accusations de participation à une opération de contrebande, abus de pouvoir et exploitation de la fonction, en s'appuyant sur «l'absence de procès-verbal constatant la présence des quantités de thon sur les bateaux turcs». Le verdict sera prononcé le 13 octobre prochain. L'affaire remonte à juin dernier, lorsque des bateaux turcs avaient été arraisonnés à trois milles au large de Annaba. Leur perquisition avait révélé la présence de 210 tonnes de thon placées dans des cages submergées.