La main-d'oeuvre algérienne se situe en troisième position au Canada après celles française et chinoise. «Ils sont plus de 15.200 compétences scientifiques algériennes inscrites officiellement auprès des consu-lats algériens à l'étranger.» Ces chiffres tristement «élogieux» pour le pays, ont été communiqués jeudi par le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci devant le Conseil de la nation réuni en séance plénière. Ce nombre de compétences d'un niveau académique, établies à l'étranger, n'est que celui des Algériens officiellement inscrits auprès des représentations diplomatiques et consulaires. «Il n'est pas exclu que ce chiffre ne reflète pas les données réelles», a relevé, à ce titre, M.Medelci qui a rappelé, les chiffres donnés par le Conseil national économique et social (Cnes) en 2006 estimant que «40.000 cadres ont quitté le pays dans les années 90, dont 10.000 médecins établis en France». Il a, en outre, précisé que rien «qu'aux Etats-Unis, l'on compte 3000 chercheurs algériens», ajoutant: «En matière de main-d'oeuvre embauchée au Canada, l'Algérie arrive en troisième position après la France et la Chine!» Le ministre a rappelé, d'autre part, que l'une des causes en est «la situation économique et sécuritaire difficile des années 90 (...) qui a favorisé ce phénomène en général, et l'émigration clandestine, en particulier». Il a, par ailleurs, regretté que des milliers de diplômés universitaires aient quitté l'Algérie dont de nombreux étudiants bénéficiaires d'une bourse de formation à l'étranger qui ne sont pas rentrés au pays à la fin de leurs études. Evoquant les moyens à déployer pour inciter ces compétences à revenir au pays, M.Medelci a affirmé qu'«il y a les formules de coopération à distance à travers le transfert d'expériences et la création d'entreprises économiques dans le domaine de la production et des services». Pour rappel, une action envers ce gisement intarissable de cadres algériens a été initiée en 2007 par la Fondation nationale pour la promotion de la recherche scientifique dans le domaine de la santé (Forem) avec la création de l'Association des compétences algériennes (ACA). Forte aujourd'hui de plus d'un millier d'adhérents, tous des chercheurs algériens établis à l'étranger, la direction de l'ACA avait été confiée en avril 2007 à Mohamed Boudjelal, docteur en biochimie et chercheur dans le domaine de la pharmacie industrielle, établi depuis de longues années à Londres. Comment ces compétences peuvent-elles aider l'Algérie dans son processus de reconstruction et de développement? Y répondre est l'un des objectifs de l'ACA, par la création d'une «véritable interface entre les compétences algériennes à l'étranger et celles se trouvant en Algérie», soutiennent ses promoteurs. Pour ce faire, des contacts permanents avec les institutions et différents organismes algériens sont nécessaires pour intéresser les deux parties à réaliser en partenariat certains projets socioéconomiques, estiment-ils. Selon M.Boudjelal, l'association aura d'ici peu entre 7000 et 8000 membres. Sa première activité consistait alors à donner des cours intensifs dans les universités algériennes, durant les vacances d'été. Ces cours de haut niveau sont homologués par des universités européennes et américaines. «La diaspora algérienne est prête à participer à l'édification du pays à condition de mettre en place un environnement propice», avait affirmé, pour sa part, Brahim Gacem, président du Forum des compétences algériennes en Suisse lors de la 5e édition du Forum international de la finance (FIF) qui s'est déroulé en mai dernier à Alger.