La fuite des cerveaux. Un sujet récurrent. Il a tout de même fait l'objet d'une interpellation du ministre des Affaires étrangères par un sénateur jeudi dernier à l'occasion d'une séance plénière. Le parlementaire voulait savoir pourquoi une telle saignée de la matière grise algérienne et qui de surcroît ne profite qu'aux autres nations. M. Medelci a affirmé que les raisons qui ont présidé à la fuite des compétences algériennes trouvent leur origine dans la crise multidimensionnelle qu'a connue le pays, notamment la crise économique, le chômage mais aussi le terrorisme. Beaucoup ont fui le pays parce que menacés par les groupes armés. Faisant dans les statistiques, Medelci dira que celles dont il dispose et qui lui ont été fournies par les représentations diplomatiques font état de 15 200 personnes. «Il y en a peut-être plus, mais le chiffre dont je dispose concerne ceux qui sont inscrits au niveau des ambassades et autres consulats algériens. Parmi ces 15 200 figurent 3 000 chercheurs et 10 000 médecins exerçant tous en France où réside 81% de notre communauté nationale. Les autres activent dans différents secteurs, surtout au Canada. Et le ministre des Affaires étrangères d'ajouter : «L'Algérie est le troisième exportateur de main-d'œuvre vers le Canada.» Abordant les mesures prises ou à prendre pour endiguer ce phénomène, le chef de la diplomatie algérienne a rappelé les décisions du chef de l'Etat, dont l'institution d'un conseil supérieur de la communauté nationale à l'étranger. Il est question aussi d'attirer les investissements à travers les mesures d'encouragement et, par là même, faire profiter les banques algériennes de l'argent des ressortissants. Il dira également que, de 2002 à 2008, 50 projets d'investissement ont été inscrits, dont 80% dans le secteur industriel, mais que les Algériens vivant à l'étranger ne sont pas actionnaires à 100%. D'autres mesures sont en voie d'exécution, dont la création d'écoles algériennes, l'ouverture d'un centre culturel algérien au Caire qui sera opérationnel dès l'année prochaine. Quant à la prise en charge des problèmes de ces ressortissants, le ministre indiquera que les 125 consulats que compte notre pays dans le monde sont toujours disposés à prêter leur assistance et cela dans tous les domaines, à savoir le suivi des affaires des prisonniers, des dossiers sociaux, comme les retraites et la sécurité sociale. Avant de terminer son intervention, Medelci aura cette déclaration on ne peut plus prémonitoire : «J'espère vous avoir convaincus ; le cas échéant, mon successeur tentera de le faire.» Bensalah, aux aguets comme toujours, rectifie le tir en lançant : «Ce sujet pourrait faire l'objet d'une séance d'audition au sein de la commission des affaires étrangères du Conseil de la nation.» Par ailleurs, et en marge de la plénière, M. Medelci a démenti catégoriquement l'annulation de sa rencontre avec le chef de la diplomatie française. «J'ai rencontré M. Kouchner et nous avons longuement discuté de toutes les questions qui intéressent les deux pays.» A propos de la visite annulée ou reportée, c'est selon, du président de la République dans l'Hexagone, le ministre des Affaires étrangères dira que «c'est une polémique inutile». F. A.