Le citoyen ne découvre sa maladie que tardivement. Une quarantaine d'ablations du sein et une trentaine d'interventions chirurgicales au niveau des ovaires et du col de l'utérus ont été effectuées, cette année, par les services chirurgicaux du Centre hospitalo-universitaire d'Oran. Le cancer, qui a tendance à gagner du terrain s'étend sous diverses pathologies avec une hausse de prés de 20% comparativement aux bilans des exercices écoulés. Aucune tranche d'âge n'est épargnée. Tous les indices confirment cette tendance. Selon les bilans de l'année en cours, au moins un nouveau cas est détecté chaque jour. Ajouter à cela, le nombre, de plus en plus croissant, des patients orientés vers le service oncologie aux fins de subir des séances de chimiothérapie. «Quelque vingt patients se présentent chaque jour dans notre service», a indiqué un infirmier du même service. Sur un autre plan, les interventions chirurgicales ont tendance à baisser, apprend-on. La baisse serait de 50% par rapport à l'année écoulée. «Quelque 80 femmes ont subi l'ablation du sein en 2008 contre une quarantaine cette année» indique-t-on. Sceptiques et même réticents face à cette baisse, les spécialistes sont unanimes à dire que le cancer, sous ses différentes formes, réside en chacun de nous tandis que ses symptômes n'apparaissent que tardivement. Ces mêmes spécialistes exhortent les populations locales à faire des dépistages d'autant que les bilans établis jusque-là ne sont pas exhaustifs. «Il faut s'approcher davantage du citoyen sinon l'exhorter à s'approcher des services de dépistage», a affirmé Nabil Mezouar, médecin au niveau du Chu Mustapha-Bacha. Car, «le plus souvent on ne se rend compte que tardivement» a-t-il expliqué avant d'enchaîner: «Le dépistage permettra aux spécialistes d'établir en temps réel, une approche, ne serait-ce qu'approximative et les moyens à mettre en place aux fins de stopper un tant soit peu, la maladie ou tout au moins atténuer ses douleurs». Cette opération, à laquelle la tutelle s'attelle en ouvrant davantage de centres de dépistage, bute sur un certain nombre de problèmes et de contraintes, à commencer par l'absence totale d'une culture de suivi chez les patients. «Le citoyen algérien ne se rend compte de sa maladie qu'au stade final», a indiqué le Dr Mezouar qui a ajouté que «le dépistage est sujet tabou chez des dizaines de familles». Pourtant, ces opérations sont prises en charge par la tutelle. Désormais, le dépistage périodique du cancer du sein pour les femmes âgées de plus de 40 ans et affiliées à la Caisse nationale des assurances sociales sera obligatoire à partir de 2010.