Aucun acteur politique, institutionnel ou autres ne se permettra d'aller se reposer, alors que son destin, mais aussi celui de l'Algérie, se joue en ces moments cruciaux. Une fois n'étant sans doute pas coutume, tous les acteurs en vue dans ce pays n'auront pas droit à beaucoup de repos durant ce mois particulièrement caniculaire, où il fait si bon traîner langoureusement sur les plages, les pieds dans l'eau et l'esprit ailleurs. Le Parlement, ce qui est très rare dans les annales algériennes, a poursuivi sa session de printemps jusqu'en plein coeur de l'été. Les députés et les sénateurs ne se reposeront pas pour autant. Sans doute seront-ils appelés à la rescousse pour la précampagne électorale. Une campagne de proximité qui s'annonce serrée, et particulièrement ardue pour tous. Sa difficulté, en effet, se mesurera à l'aune de la gestion, particulièrement catastrophique, qui a été faite des collectivités locales par les élus du 26 octobre 1997. Les parlementaires, au reste, ne seront pas les seuls à passer un sale été. Les ministres, aussi, n'auront pas droit au repos. Il ne se passe pas un seul jour sans que un ou plusieurs des membres de l'équipe de Benflis ne descende sur le terrain. L'application du programme, récemment adopté par le Parlement, a démarré sur les chapeaux de roue. Le gouvernement, qui joue une véritable course contre la montre, cherche vraisemblablement à conforter sa très confortable majorité au Parlement en ayant des réalisations concrètes à présenter dès le démarrage officiel de la campagne électorale prévue pour le début du mois de septembre prochain. C'est du côté des partis politiques, en revanche, que l'effervescence sera à son comble. Ceux qui espéraient passer quelques semaines tranquilles en attendant la rentrée sociale en seront quitte pour de beaux espoirs brisés. L'entrée en lice du FFS n'a laissé personne insensible. Ce parti, qui a acquis une envergure nationale certaine depuis la présidentielle de 1999 et toutes les pérégrinations qui s'en étaient suivies, promet bien de brouiller toutes les cartes et tous les calculs. Il devient de plus en plus certain que chaque formation politique mettra les bouchées doubles, multipliant les sorties médiatiques et le travail de proximité en attendant le démarrage officiel de la campagne électorale. La sortie du FFS risque même de précipiter, indiquent des sources concordantes, la naissance d'une troisième force politique en Kabylie, issue du mouvement citoyen. Ce projet, rappelons-le, ne devait pas être mené à terme avant une année ou deux. Mais, la participation du FFS aux locales du 10 octobre prochain pousserait les animateurs du mouvement des ârchs à en faire autant, quitte chemin faisant, à présenter des listes indépendantes, en attendant que leur nouveau parti politique, dénommé, croit-on savoir, «Le mouvement citoyen national» voit enfin le jour. Afin de transcender le handicap régionaliste, des délégués ont même commencé à prendre des contacts dans les autres wilayas du pays. Ils sont aidés en cela par des partis connus pour être proches de ce mouvement, tels que le RCD, le MDS et le FD de Sid-Ahmed Ghozali. Sur le front social aussi le repos n'est pas permis. Contrairement à ses immuables habitudes, le patron de l'Ugta a choisi l'été pour entamer une série de rencontres choc avec les travailleurs des zones industrielles les plus en vue dans le pays. Sidi Saïd, qui a fait trop de concessions au pouvoir sans jamais avoir rien obtenu en échange, aurait l'intention de ne plus se laisser faire. Une grève générale serait même en chantier d'ici à la prochaine rentrée sociale si le programme gouvernemental, tel que conçu présentement, venait à être appliqué. Nous reviendrons sur ce sujet avec plus de détails dans nos prochaines éditions.