Avec un taux de 4,11%, l'Algérie dépasse de très loin la France, les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et le Maroc. A voir la manière et surtout la légèreté avec laquelle est traité le dossier sensible de la grippe porcine, il y a visiblement de quoi se poser des questions. Faut-il avoir confiance en notre ministre de la Santé, Saïd Barkat? Un simple rappel des faits donne des sueurs... froides. D'abord, il y a le nombre de décès qui inquiète. Sur 389 contaminés en Algérie il y a 16 morts, soit un taux de 4,11%, ce qui est très élevé en comparaison des autres pays. La France enregistre 111 morts sur près de 4 millions de personnes qui ont été atteintes par la pandémie. Soit un taux de 0,002%. Plus près de chez nous, l'exemple du Maroc est frappant. En effet, sur un total de 2188 cas de grippe AH1N1, seulement 12 personnes en sont mortes ce qui équivaut à un taux de 0,54%. Aux Etats-Unis, le Centre américain des maladies infectieuses (CDC) a annoncé jeudi que la grippe porcine avait fait près de 10.000 morts sur les 50 millions environ d'Américains qui avaient contracté la maladie. Les responsables ont également rapporté que les Indiens américains et les populations indigènes de l'Alaska ont un taux de mortalité dû à la grippe porcine quatre fois plus élevé que celui des autres Américains. Mais globalement, le taux est minime puisqu'il ne représente que 0,02%. La mortalité causée par la grippe porcine en Grande-Bretagne a été de 26 pour 100.000 cas (0,026%), soit «considérablement moins» que ce que l'on craignait au départ, selon une enquête publiée a jeudi dernier dans le British Medical Journal. Comment expliquer alors ce taux extrêmement élevé de morts en Algérie? Dans le sillage de ces interrogations, il y a lieu de ce demander: les autorités sanitaires ne cachent-elles pas la vérité aux populations? Si le nombre de personnes contaminées venait à augmenter, il faut véritablement craindre le pire. Car avec ce rythme de la propagation et le nombre élevé de décès, la population algérienne risque d'être durement frappée. D'autres faits sont tout autant inquiétants. Il s'agit du nombre de vaccins importés. En effet, avec 450.000 doses, un sérieux problème se pose. Qui vacciner? Le corps médical? Il compte un effectif de plus de 400.000 employés (médecins, sages-femmes, paramédicaux...). A ceux-là il faut ajouter les membres des services de sécurité. Ils sont au moins 500.000 (police, protection civile et armée). Après ces deux catégories, il faut aussi se pencher sur le cas des femmes enceintes. Elles sont plus d'un million. C'est beaucoup de monde pour un demi-million de doses de vaccin. En outre, il ne faut pas négliger les malades chroniques et les enfants en bas âge. Pourquoi si peu de vaccins? Pourtant le ministre de la Santé, Saïd Barkat, avait promis des quantités plus importantes. En juin dernier, ce même responsable avait annoncé publiquement, lors d'une conférence de presse, avoir passé une commande de 65 millions de doses. Sur 64 millions de doses de vaccin, l'Algérie ne devait en recevoir que 20 millions. Dans ce sens, il convient de signaler qu'avec ce quota, seize millions d'Algériens seront privés de vaccin contre le virus H1N1. De ce fait, la situation pourra se compliquer davantage. Le premier quota devait être de l'ordre de 900.000 doses. Si l'on tient compte des promesses du ministre, cette quantité aurait dû être réceptionnée le 7 décembre dernier. Chose qui n'a pas été faite puisque le premier arrivage n'a été disponible qu'un jour plus tard. Plus grave encore, sur 900.000 doses prévues, on se retrouve enfin avec seulement 450.000 doses de vaccin. Faut-il encore croire ce ministre?