L'Argentin a sauvé le football en 2009 en prouvant, sans avoir besoin d'un coup de main, que le jeu le plus universel de la planète savait encore faire vibrer les foules. Les accélérations, les dribbles et les inspirations de Lionel Messi sont un rappel nécessaire de ce qui fait la beauté d'un sport toujours malmené par ailleurs avec son lot habituel de polémiques et de scandales. L'enfant malingre devenu génie sait faire chavirer un stade et allumer des éclairs dans les yeux des supporters. Même pas frimeur, à la différence d'un Cristiano Ronaldo tout aussi doué mais largement plus agaçant, il mérite amplement le flot de récompenses qui le submerge. Ballon d'or, joueur de l'année pour la Fifa, vainqueur de la Ligue des champions et de cinq autres trophées avec Barcelone, Messi a tout raflé, avec pour seul bémol son incapacité, pour l'instant, à flamber avec une équipe d'Argentine pourtant entraînée par un artiste de sa trempe, Diego Maradona. Le Barça, l'équipe aux mille passes, est l'écrin qui lui convient et, sans conteste, la meilleure formation au monde. Thierry Henry, qui défend les mêmes couleurs que l'Argentin en club, a fait davantage de gros titres, mais pour de moins glorieuses raisons. Lui aussi a été comparé à Maradona, ce dont il se serait bien passé. Après la main de Dieu, voici celle de «Titi», synonyme de qualification pour la Coupe du monde pour des Bleus au souffle pourtant court. L'épisode du barrage contre l'Irlande a fait beaucoup jaser, suscité un débat souvent tout juste digne d'une dissertation de lycéen fainéant, et illustré la cassure entre le monde du sport et le monde tout court. Simple faute de main, autrement dit «fait de jeu» pour le milieu du football, l'incident a symbolisé pour d'autres l'absence de moralité d'un sport corrompu par l'argent. Ces autres, Zinedine Zidane les a habillés pour l'hiver dans les colonnes de France Football. «Des gens qui viennent vous manger dans la main quand vous soulevez les trophées et qui vous tombent dessus quand ça se passe mal», a lâché le magicien à la retraite. Les primes astronomiques perçues par un Raymond Domenech de plus en plus impopulaire n'ont rien arrangé, pas plus que les atermoiements d'une Fédération au sein de laquelle le sélectionneur est loin de faire l'unanimité. Il faudrait une épopée de cette équipe de France en Afrique du Sud lors de la Coupe du monde 2010 pour faire passer la pilule. Et encore, car le mal est profond. Tout cela a presque éclipsé le sacre de Bordeaux, devenu la référence du football hexagonal en lieu et place d'un Olympique Lyonnais en perte de vitesse. Il y eut aussi la mort de Brice Taton, supporter de Toulouse sauvagement agressé à Belgrade en marge d'une rencontre d'Europa League, et les insultes racistes à l'encontre de l'attaquant noir de l'Inter, Mario Balotelli que profèrent désormais sur tous les terrains d'Italie certains supporters de la Juventus. Pas question d'oublier ces drames, mais on peut essayer de se consoler, en regardant jouer Lionel Messi.