Avec une maîtrise impressionnante et un Messi toujours décisif, le FC Barcelone a pris une belle option sur le titre en Liga en allant s'imposer à Santiago Bernabeu, face à son rival du Real Madrid (0-2). En Espagne comme en Europe, le refrain est presque toujours le même depuis deux ans. Le football se joue à onze et à la fin, c'est Barcelone qui gagne. Et souvent grâce à Lionel Messi. Le «Super clasico» d'hier soir, samedi, à Bernabeu, n'a pas dérogé à la règle. Car quatre jours après son quadruplé contre Arsenal en Ligue des Champions, le petit lutin catalan a encore fait la différence. La soirée n'avait pourtant pas débuté sous les meilleurs auspices pour le génial argentin, qui glissait dans la surface sur sa première accélération (12e), avant d'être averti pour un contrôle de la main (19e). Esseulé sur le front de l'attaque, il cristallisait à lui seul les difficultés d'un Barça considérablement gêné par le quadrillage du terrain du Real. Bien en place, les Merengues étaient même les plus dangereux en contre, à l'image de cette percée de Marcelo conclue par Xabi Alonso (23e). Et puis Messi a pris les choses en main, jouant rapidement un coup franc qu'il avait lui-même provoqué, avant de solliciter le une-deux avec Xavi. Un contrôle qui enrhumait Raul Albiol et un petit coup de patte plus tard, le cuir était au fond des filets (0-1, 33e).Condamnés à l'emporter pour inverser la tendance du match aller (1-0) et donc rester maîtres de leur destin, les Madrilènes tentaient bien de revenir au retour des vestiaires, mais ni Marcelo (52e), ni Ronaldo (55e) ne parvenaient à tromper Valdes. Et sur quasiment leur première sortie de la seconde période, les Barcelonais pliaient l'affaire avec, encore, Xavi à la baguette, cette fois pour Pedro (0-2, 56e). Alors oui, Van der Vaart (59e), Ronaldo (69e), Guti (70e), et même Benzema (92e) auraient pu ensuite réduire la marque, mais l'addition aurait aussi pu être plus salée si Casillas n'avait pas sauvé la baraque à deux reprises devant Messi (72e, 77e). On ne voit désormais pas ce qui pourrait empêcher le Barça de conquérir un nouveau titre en Liga. Messi : «Nous avons fait un grand pas» l Le jeune phénomène s'est confié à La Sexta au sortir du choc face au Real Madrid, maîtrisé de main de maître par sa formation (2-0). Auteur d'un nouveau but, il confirme, une fois de plus, son talent à la face du monde. «Comme souvent, nous avons démontré que nous étions supérieurs aux autres équipes quand nous décidions de l'être. Mais il fallait le prouver sur le terrain. Nous l'avons prouvé ce soir encore, mais il faut maintenant oublier cela et continuer de la même façon.» Messi, fidèle à son habitude, n'est pas rentré dans la polémique qu'on lui tendait et l'a joué collectif. «Ce n'est pas Messi qui a battu Cristiano, mais le Barca qui a battu le Real. Les deux équipes se respectent beaucoup, nous nous connaissons bien. Mais nous avons joué nos coups à fond, et cela nous a permis de prendre l'avantage. Et de gagner le match. L'important, c'étaient les trois points qui nous permettent d'être leaders à nouveau. Nous prenons un bel avantage au classement. Mais il reste des matchs. Oui, nous avons fait un grand pas, mais il nous reste des déplacements difficiles.» Au sujet de la Ligue des champions, le lutin argentin déclare : «Allons-y pas à pas. Nous avons une chance de rester dans l'histoire, si nous y arrivons, mais il faut que nous continuions à travailler dans ce sens.» Pellegrini : «L'équipe qui nous a battus est plus forte» l «Le Barça nous a fait perdre beaucoup de ballons et a concrétisé sa première occasion. Nous restions sur une bonne série mais l'équipe qui nous a battus est plus forte que nous en ce moment. Il reste 21 points, nous n'allons pas baisser les bras, nous allons tout tenter jusqu'à la fin. J'ai vu les joueurs anxieux, pas impuissants. Le Barça est sûr de lui avec le ballon, encore plus quand il mène au score. Il nous a manqué un peu de sérénité. Le match était fondamental mais je ne crois pas que le Barça puisse se sentir champion. Ce n'est pas à moi de répondre (concernant la suite de sa carrière au Real).» Guardiola : «Ce sont les joueurs qui sont très bons» l «On venait jouer sur le terrain du leader, où il avait gagné 15 matches sur 15. Nous avons gagné un match sérieux. Nous sommes très satisfaits mais il reste encore énormément (à jouer). On va voir comment on récupère pour mercredi (32e journée), surtout mentalement. Nous avons fait un match sérieux, pas forcément brillant. Le travail de Pellegrini (l'entraîneur du Real) est «scandaleusement» bon. Il fallait faire très attention en défense à Cristiano Ronaldo. Tactiquement, on voulait être bien regroupé et pouvoir trouver rapidement la profondeur. On a fait un gros pressing sur les défenseurs centraux. Ce sont les joueurs qui sont très bons, je n'ai pas beaucoup de secrets.» Benzema : «Messi a un temps d'avance sur les autres» l Le Français Karim Benzema, attaquant du Real Madrid, estime que l'Argentin Lionel Messi, prodige du Barça, grand rival du club madrilène, a «un temps d'avance sur les autres», dans un entretien qui sera diffusé ce dimanche dans l'émission Téléfoot sur TF1. «Messi, il a un temps d'avance sur les autres tout simplement», explique Benzema, dont la première saison au Real n'a pas été facile, entre blessures et temps de jeu réduit. Concernant Cristiano Ronaldo, son partenaire au Real, Benzema déclare : «C'est un très bon joueur, il a sa partition aussi individualiste mais il fait la différence, il sait aussi jouer pour le collectif.» Le Real en trompe-l'œil On l'a vu face à Barcelone et tout au long de la saison : le Real ne n'est jamais parvenu à s'élever au niveau des grandes échéances ayant émaillé son parcours. Confirmation face au rival catalan, avec une prestation aux couleurs de sa saison, en trompe-l'œil. Nous vous avions averti, il y avait bel et bien quelque chose de pourri au royaume de Madrid. Pardonnez l'incongruité de la phrase qui va suivre au vu des sommes dépensées l'été dernier, mais le Real a raté son mercato. Et oui la sentence peut paraître excessive, elle n'en est pas moins légitime et judicieuse. De Sneijder à Robben en passant par Van Nistelrooy et Heinze, tous les soi-disant excédents de bagage du club merengue sont devenus des pièces maîtresses de leurs clubs et sont en passe d'obtenir d'insignes honneurs avec leurs nouvelles formations (certains pourraient d'ailleurs revenir à Bernabeu pour un ultime pied de nez). C'est bien simple, si le Real vend Drenthe cet été, l'année prochaine il pourrait devenir un candidat sérieux au Ballon d'or. C'est dire si la politique du club a, une nouvelle fois, été tronquée, si le plan de jeu était (encore une fois) raté et si Madrid a (de nouveau) perdu une occasion de se refaire. Les coupables ne sont pas forcément les Ronaldo et les Higuain (même si l'Argentin semble décidément symboliser l'innocuité de son équipe lors des grands rendez-vous), mais les hiérarques. Vouloir mettre en place une équipe en kit en un temps record et avec de bons joueurs dans tous les compartiments de jeu est toujours une hérésie. D'ailleurs le prochain écueil qui se dresse devant le paquebot blanc est un recrutement tous azimuts l'été prochain sans laisser une chance aux (maigres) acquis engrangés cette année.