Imposer un contrôle accru aux Algériens dans les aéroports est injustifié, selon M.Medelci. L'Algérie n'admet pas que ses ressortissants soient assimilés à des terroristes. C'est le message subliminal que vient d'adresser le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, aux autorités américaines. L'ambas-sadeur des Etats-Unis à Alger, David Pearce, a été convoqué par le ministre pour lui signifier que les mesures de contrôle imposées aux Algériens ne sont pas acceptables. Les Etats-Unis ont décidé d'effectuer des contrôles spécifiques aux Algériens à leur entrée sur le territoire américain ou lorsqu'ils s'apprêtent à le quitter. La réaction de l'Algérie est quelque peu tardive, certes, mais justifiée. D'autres pays ayant été la cible du même traitement ont fait savoir qu'ils rejetaient ces mesures le jour même de leur institution. Ce fut notamment le cas de Cuba et du Nigeria, pays d'origine de Farouk Abdulmutal-lab, 23 ans, qui a tenté de faire exploser un avion à destination des Etats-Unis. Ce pays n'est pas le seul à instituer des conditions drastiques pour l'accès des citoyens sur son territoire. Il n'a d'ailleurs fait que suivre l'exemple de la France. Son ministre de l'Intérieur, Brice Hortefeux, a été le premier à inclure l'Algérie sur une liste de pays dont les ressortissants doivent être soumis à des contrôles accrus dans les aéroports. Curieusement, l'Algérie n'a soufflé mot sur cette mesure et elle a préféré réagir uniquement vis-à-vis des Etats-Unis. En tous les cas, les positions de ces deux partenaires de l'Algérie sont très curieuses. Leurs services de sécurité reçoivent régulièrement des informations sur la situation en Algérie. Récemment encore, le ministre des Affaires étrangères se trouvait aux Etats-Unis pour rencontrer, entre autres, des responsables de la sécurité. D'où l'indignation de l'Algérie. A l'ambassadeur américain, elle a fait part de ses «vives contestations devant cette mesure malencontreuse, injustifiée et discriminatoire». Peut-être que le qualificatif «injustifiée» est celui auquel l'Algérie tient le plus. Elle qui ne cesse de tenter de mettre en avant ce qu'elle considère comme des avancées indéniables dans la lutte contre le terrorisme. Or, voilà que son aura dans le concert des nations vient d'être remise en cause par un événement auquel elle n'est liée ni de près ni de loin. Inscrire le pays sur la liste rouge revient à dire, ni plus ni moins, qu'elle continue d'être l'antre des terroristes, voire d'Al Qaîda. L'auteur de la tentative de l'attentat sur le vol Amsterdam-Detroit a déclaré qu'une vingtaine d'autres terroristes sont prêts à passer à des actes similaires. D'où pourraient-ils bien venir? Par où pourraient-ils transiter. D'où obtiennent-ils les ordres? Tout porte à croire que la France et les Etats-Unis pensent que l'Algérie a de fortes chances de figurer parmi les plates-formes utilisées par les terroristes afin de coordonner leurs actions. Disposent-ils d'informations fiables confirmant ces soupçons? Si oui, les ont-ils transmises aux autorités algériennes? Pour l'instant, rien ne vient appuyer les thèses française et américaine.