Un communiqué du département des Affaires étrangères, rendu public mardi en fin de journée, fait mention d'un appel téléphonique de la secrétaire d'Etat américaine au ministre algérien des Affaires étrangères. L'ex-première Dame des Etats-Unis a sans doute voulu, avant tout, apaiser les tensions et les interrogations légitimes nées des décisions de l'administration américaine de faire figurer l'Algérie sur une liste de 14 pays comportant des risques terroristes. «Le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, s'est entretenu téléphoniquement avec la secrétaire d'Etat, Hillary Rodham Clinton, à l'initiative de cette dernière. L'entretien a porté sur les principales questions d'intérêt commun et en particulier sur les conditions et les mesures susceptibles de promouvoir davantage les relations bilatérales entre les deux pays», a indiqué le communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères qui a en outre précisé que la conversation téléphonique entre les deux chefs de la diplomatie algérienne et américaine a eu lieu lundi. Soit juste après l'intervention de Mourad Medelci sur la chaîne de télévision nationale «Canal Algérie» dans le cadre de l'émission «Questions d'actu». «Nous sommes extrêmement surpris et contrariés par ces mesures prises contre les ressortissants algériens par les Etats-Unis et la France», avait déclaré le ministre visiblement affecté mais surtout agacé par ces décisions qu'il n'a d'ailleurs pas hésité à qualifier de discriminatoires. «L'Algérie ne peut que contester les mesures prises par les Etats-Unis pour singulariser certains pays, cette gestion discriminatoire, qui concerne notre pays de surcroît, ne peut être acceptée par l'Algérie. Nous sommes pour le dialogue et nous lui donnerons sa chance», a tenu à préciser le chef de la diplomatie algérienne. Hillary Clinton semble avoir prêté une oreille attentive au message délivré par le ministre des Affaires étrangères. Les dernières déclarations de Mourad Medelci, à propos de la décision de l'administration Obama, sont venues clore la vigoureuse protestation d'El Mouradia à ce sujet. L'ambassadeur des Etats-Unis à Alger fut convoqué au ministère des Affaires étrangères. Il a été destinataire des protestations officielles de l'Algérie. «Suite à la décision prise par les autorités américaines d'inclure les ressortissants algériens dans une liste de pays dont les nationaux seront soumis à des mesures spécifiques de contrôle vers ou à partir des points d'entrée aériens américains, le ministre des Affaires étrangères, M.Mourad Medelci, a convoqué l'ambassadeur des Etats-Unis d'Amérique à Alger pour lui faire part des vives protestations du gouvernement algérien devant cette mesure malencontreuse, injustifiée et discriminatoire», faisait remarquer le communiqué du 11 janvier 2009 du département des Affaires étrangères. Tout semblait pourtant aller pour le mieux. Il y a à peine trois mois, le sous-secrétaire d'Etat américain pour le Moyen-Orient en visite à Alger a été reçu par le président de la République. Il affirmait que c'est sur instruction de Barack Obama qu'il était en Algérie pour renforcer les relations entre les deux pays. Il n'a pas non plus caché son souhait de pouvoir bénéficier des conseils du chef de l'Etat en ce qui concerne les questions internationales qui secouent certaines régions du monde à l'heure actuelle. «Pour moi, c'était extrêmement important de venir rendre visite au président Bouteflika, écouter son point de vue sur des questions qui sont très importantes, notamment la nouvelle politique américaine de rapprochement, la politique américaine visant à instaurer la paix au Moyen-Orient et le dossier iranien», avait déclaré lors d'un point de presse Jeffrey Feltman. «L'Algérie a une voix très forte et une position très constructive dans les différentes enceintes internationales, y compris au niveau des Nations unies», avait fait remarquer le diplomate américain à l'issue de l'audience que lui a accordée le président de la République. Faut-il comprendre que la conversation téléphonique entre Hillary Clinton et Mourad Medelci est venue réparer ce qui n'aura été qu'un fâcheux malentendu? La réponse à cette question ne saurait apparemment tarder.