Selon un bilan communiqué lundi par le principal imam de la ville, au moins 26 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées, d'autres sources estiment à 156 le nombre de morts. Des violences entre chrétiens et musulmans ont repris hier à Jos (centre du Nigeria), où un couvre-feu total a été imposé par les autorités après un week-end d'affrontements meurtriers. Un couvre-feu nocturne avait été décrété dès dimanche soir après des heurts ayant fait 26 morts, selon un imam, provoqués par la construction d'une mosquée dans un quartier chrétien. Il a été étendu hier «24 heures sur 24 pour Jos et la localité voisine de Bukuru à cause de la reprise de violences dans plusieurs secteurs», a déclaré le porte-parole du gouvernement de l'Etat du Plateau, Gregory Yenlong. Un témoin chrétien du quartier de Dutse Uku, a expliqué que les heurts avaient recommencé dans la nuit de lundi à mardi. «nous nous sommes réveillés au milieu de combats ce matin. Il y a des tirs, des incendies autour de nous». «Le couvre-feu total ne semble avoir aucun effet et les combats se poursuivent», a-t-il ajouté, alors que l'annonce du couvre-feu était répétée en boucle à la radio. «Il est demandé à tous les habitants de rester chez eux pendant que les forces de sécurité agissent pour rétablir l'ordre», a souligné, pour sa part, M.Yenlong. Hier, tous les vols ont été suspendus entre l'aéroport de Jos et le reste du pays. Chef-lieu de l'Etat du Plateau (au sud-est de la capitale fédérale Abuja), Jos est une ville d'environ 500.000 habitants, située sur la ligne séparant le sud du Nigeria, à majorité chrétien et animiste, et le nord musulman. Selon un bilan communiqué lundi par le principal imam de la ville, au moins 26 personnes ont été tuées et plus de 300 blessées dans les affrontements du week-end. Mais le bilan des victimes pourrait être beaucoup plus élevé au final. Un employé de la mosquée centrale de Jos a déclaré hier: «nous avons reçu 156 corps et 800 blessés. La mosquée est remplie de corps». Ce bilan n'a cependant pu être vérifié auprès de sources indépendantes. Quelque 3000 habitants ont été déplacés en raison des violences durant lesquelles des maisons ont été brûlées, avait précisé la Croix-Rouge locale, qui n'a pu confirmer le bilan des morts et a fait état de plus de 100 blessés graves. Le Nigeria, pays le plus peuplé d'Afrique avec 150 millions d'habitants, connaît de fréquentes violences entre musulmans et chrétiens, notamment dans les Etats du centre et du nord où les communautés religieuses ont du mal à cohabiter. En novembre 2008, des centaines de personnes avaient été tuées en deux jours à Jos au cours d'affrontements religieux. Le mois dernier, au moins 70 personnes ont trouvé la mort dans l'Etat septentrional de Bauchi, lors de violences impliquant forces de sécurité et membres d'une secte islamiste radicale, Kala-Kato, connue aussi sous le nom de Maitatsine. Présente dans plusieurs Etats à dominante musulmane du nord depuis des décennies, cette secte est à l'origine des soulèvements religieux de 1980 et 1992 qui fait plusieurs centaines de tués dans les villes de Kano et Yola (nord). Une secte similaire, connue sous le nom de Boko Haram (et surnommée «taliban»), a conduit en juillet dernier un soulèvement dans l'Etat de Borno. Des combats lors de l'intervention des forces de sécurité avaient fait au moins 800 tués.