«Cette affaire procède d'une campagne qui vise à avorter les acquis de la Révolution et discréditer les moudjahidine.» C'est par ces propos, de déjà entendu que le ministre des Moudja-hidine, Chérif Abbas, a survolé la question des faux moudjahidine, hier au Forum d'El Moudjahid. Très évasif sur la question, le ministre a rejeté les accusations selon lesquelles 80% des moudjahidine sont faux. «Cette campagne, en ce moment précis, est l'action de certaines parties qui se savent à l'abri des lois», a-t-il déclaré. Qui sont ces parties? Sont-ils des hommes au pouvoir, dans l'opposition? Le ministre ne le dit pas. Cependant, il a reconnu que des cas de faux moudjahidine existent. «J'ai déjà déclaré qu'il y a effectivement des falsifications, mais pas dans cette proportion». Il ajoute : «C'est une affaire circonscrite dans une ou quelques wilayas du pays, elle n'aura jamais une envergure nationale», précisant que «pour les cas moudjahidine-harkis il s'agit de différences d'appréciation entre les concernés qu'ils doivent régler entre eux loin des ‘‘projecteurs'' de la presse». Pour le ministre, «les statistiques de facilité» à laquelle s'est livrée la presse nationale sont tout simplement une exagération. Argumentant cela, il rappelle qu'une étude militaire faite par l'armée française en 1959 a révélé l'existence de 400.000 moudjahidine. De Gaulle a parlé, durant la même année, de l'éliminaton des 149.000 «hors la loi» (moudjahidine Ndlr). Paradoxalement, Chérif Abbas s'est refusé d'avancer tout chiffre sinon le rejet de 1200.000 dossiers de moudjahidine depuis 1963. «Vous demandez l'impossible», a-t-il répondu à un confrère qui l'interrogeait sur le nombre de moudjahidine, au niveau des wilayas et, éventuellement, l'estimation faite à propos des faux moudjahidine. Autrement dit, le ministre n'a pas de chiffre, ou alors il s'agit d'une précaution pour ne pas gêner «certaines parties à l'abri de la loi» Intervenant lors de ce Forum, M.Bougouba, ex-responsable de l'ONM de la wilaya de Tipasa et président de l'association Chahid Ali Bendahmane, a clamé haut et fort que «l'ONM détient les commandes, a partagé le pays en zones d'influences et comporte en son sein une bande de mafiosis». Documents falsifiés à l'appui, Bougouba a rappelé au ministre qu'«(il) n'agit sous l'ordre d'aucune personne», et qu'«(il) n'a pas fui à l'étranger pour dénoncer» mais c'est son silence (du ministre) qui l'a fait réagir. S'agissant de l'affaire Mellouk, le ministre des Moudjahidine a déclaré avoir pris connaissance «de la chose» au même titre que les citoyens. Selon lui, aucun dossier n'est parvenu à son département. Pour rappel, l'affaire des magistrats faussaires a surgi, il y a environ 10 ans.