Eclaboussé par les scandales, le géant chinois tente d'échapper à la justice algérienne. Tous les chemins mènent aux scandales et l'autoroute Est-Ouest semble aller dans toutes les directions. A chaque détour son lot d'affaires. Et la liste des têtes qui tombent s'allonge. Le président-directeur général du groupe chinois Citic a été limogé. A ses cotés, M.Hua et Mme Bo, deux hauts responsables qui étaient sur le projet ont été «éjectés». Conséquence: le géant chargé de réaliser d'importants tronçons Centre et Ouest de l'autoroute perd la tête et les épaules en Algérie. La locomotive perdue, le groupement Citic-Cree s'agite dans tous les sens. Noyé dans les scandales de corruption, le géant chinois coule. Ce sacrifice est-il consenti pour échapper à la justice algérienne? Tout porte à le croire. D'autant que le groupe est sous l'oeil des services de sécurité depuis septembre dernier. Pis encore, il a été cité dans des affaires de corruption à maintes reprises. Pour sauver les meubles, la maison-mère a vite fait de désigner un autre P-DG. A la hâte, M.Wang ralliera Alger dans les tout prochains jours. Sa mission sera d'abord de tenter d'assainir la situation. En ce sens, ce dernier a déjà déposé une demande de visa à l'ambassade d'Algérie à Pékin. Tout cela n'est que la face visible de l'iceberg. Dans le fond, Citic veut faire payer aux pouvoirs publics une facture de 2 milliards de dollars pour des travaux supplémentaires. Importante, cette affaire peut avoir des retombées sur les relations entre l'Algérie et la Chine. Pour éviter l'impasse diplomatique, Pékin avait dépêché, début janvier, son ministre des Affaires étrangères, Yang Jiechi, à Alger. Seulement, cette visite n'a pas eu l'effet escompté par les autorités chinoises. Le groupe Citic est dans le collimateur de la justice. A ce rythme Pékin risque de perdre pied dans le marché algérien. Aussi, «le projet du siècle», semble cacher le scandale de ce nouveau millénaire. «Il n'y a pas de fumée sans feu», dit l'adage. Cette foi-ci, la fumée émane des révélations et le feu prend sur l'argent sale. Espionnage économique, passe-droit, passation illégale de marchés, pots-de-vin, trafic d'influence et tant d'autres maux rongent l'autoroute Est-Ouest. Une autoroute prise dans une spirale de scandales qui prend l'allure d'un tsunami. De ces eaux troubles émergent les têtes de hauts responsables de l'Etat. Le secrétaire général du ministère des Travaux publics est le premier à avoir fait les frais des enquêtes menées par les services de sécurité. Les choses auraient pu rester à ce stade, n'étaient les nouvelles révélations faites par Mohamed Khelladi, le directeur des nouveaux programmes (DNP) qui relève de l'Agence nationale des autoroutes (ANA). Fin janvier passé, ce dernier a désigné du doigt le ministre des Travaux publics Amar Ghoul dans des affaires graves de corruption. D'autres responsables du ministère ont, également, été la cible des flèches décochées par M.Khelladi. L'affaire de l'autoroute Est-Ouest intervient dans un contexte émaillé de scandales. Il ne se passe pas un jour sans que de nouvelles affaires éclaboussent un secteur de l'Etat. Le tout est déballé, presque à la fois en public. En ces temps délétères, il ne fait pas bon de prendre la route.