Victimes de problèmes défensifs récurrents au quotidien, les joueurs de Wenger devraient toutefois pouvoir miser sur leur fraîcheur pour combler les erreurs défensives. Après Manchester l'an passé, Chelsea cet automne, Arsenal, qui avait été dominé ici-même en poule avant de prendre une belle revanche à l'Emirates lors de la phase initiale de la campagne précédente, sera-t-il le 3e club anglais à venir terrasser Porto dans son antre? Avec leur doublette Falcao-Hulk (3 buts chacun), les Portugais, 3e seulement de leur championnat, devraient faire tout ce qui est possible pour éviter une nouvelle déconvenue et atteindre de nouveau les quarts. Si les Gunners semblent un peu mieux qu'il y a quelques semaines, ils ne sont pas au mieux de leur forme et doivent éviter de quitter la compétition à ce stade comme en 2007. Victimes de problèmes défensifs récurrents au quotidien, les joueurs de Wenger, qui n'ont plus joué depuis une victoire sur Liverpool le 10 février, qui les a relancés, devraient toutefois pouvoir miser sur leur fraîcheur pour contrarier un adversaire qui s'est montré samedi incapable de dominer l'avant-dernier de son championnat (0-0). Mais la défense d'Arsenal est porteuse. Ce point faible peut lui coûter peut-être le titre de champion d'Angleterre. Elle doit se reprendre aujourd'hui à Porto en huitièmes de finale de la Ligue des champions, si les Londoniens veulent peser sur cette compétition, désormais leur meilleure chance de titre. Avec trente buts encaissés en 26 matchs, les Gunners n'ont que la neuvième défense de Premier League. Ils sont moins performants que Fulham et Stoke, prennent près d'un tiers de buts de plus que Chelsea et un Manchester United pourtant privé une bonne partie de la saison de ses deux piliers, Rio Ferdinand et Nemanja Vidic. Le gardien Manuel Almunia, rarement décisif, n'a terminé que neuf rencontres invaincu, un total atteint dès le mois de novembre par Petr Cech avec Chelsea. Jamais sous Arsène Wenger, Arsenal n'avait pris autant de buts. «S'ils défendent comme ça, c'est bien simple, ils ne gagneront rien», tranche, «furieux», Lee Dixon, l'un des représentants, avec Tony Adams, Nigel Winterburn et Steve Bould, de l'étanche «Back Four» légendaire d'Arsenal des années 1990. C'est surtout sur les contres que les Gunners sont vulnérables, un constat inquiétant pour une équipe qui aime avoir la possession du ballon. Près de la moitié des buts encaissés en Championnat (14), l'ont d'ailleurs été à domicile. En février, lors des victoires de leur équipe (3-1 et 2-0), les attaquants de United et Chelsea, Wayne Rooney et Didier Drogba ont pleinement tiré profit de cette défaillance. Le premier a pu se précipiter dans la surface londonienne pour exploiter sans opposition une passe de Nani, aucun «Gunner» ne se donnant la peine de suivre sa course alors que Manchester United jouait un contre à deux contre cinq. Une semaine plus tard, un appel de Nicolas Anelka, suivi par deux joueurs d'Arsenal, a suffi à ouvrir, entre Thomas Vermaelen et Gaël Clichy, l'espace permettant à Drogba d'inscrire le second but des Blues. «Je ne sais pas bien qui travaille avec eux sur la défense. Il y a quelque chose qui ne va pas dans leur organisation. Parce qu'ils ne savent pas défendre sur les contres, il faudrait peut-être qu'ils y travaillent», s'agace Dixon. Les arrières ne sont pas les seuls (ni les principaux) responsables. Si les latéraux Bacary Sagna et Clichy effectuent une saison médiocre, William Gallas et Vermaelen sont convaincants dans l'axe. Mais quand le supporter de Chelsea ou Manchester voit des créateurs comme Nicolas Anelka, Michael Ballack ou Wayne Rooney se sacrifier pour le collectif, celui d'Arsenal constate semaine après semaine les réticences de Cesc Fabregas, Samir Nasri ou Andreï Arshavin à prendre part à l'ingrat mais indispensable travail défensif. Et malgré leur talent, Alex Song et Denilson ne bâtissent pas au milieu un rempart de la qualité de celui qu'offraient les «anciens», Patrick Vieira ou Gilberto Silva. L'équipe de Wenger paie aussi de coupables sautes de concentration, comme sur le corner ayant conduit au premier but de Chelsea. Clichy déserte le second poteau pour aller discuter avec Nasri, pendant que Song abandonne son marquage sur John Terry. La sanction est immédiate: un ballon détourné de la tête par Terry pour Drogba au second poteau. «C'était comique», raille Dixon qui «se fout qu'on se passe joliment la balle si c'est pour donner des buts comme ça».