Pour la moindre broutille, ils vocifèrent, usant d'un langage cru, réprobateur. Est-ce la vraie nature de l'Algérien? «On conduit comme on se conduit», dit l'adage populaire. Dès l'instant où il prend le volant de son véhicule, l'automobiliste algérien devient «tout autre.» Véhément et passionné, il se transforme déjà en «chauffard du verbe» pour bien commencer sa journée. Bien qu'il s'en défende de prime abord, il devient pour le moins impudent, agressif, vulgaire...Tel petit empêchement au démarrage, qui peut être une voiture un peu gênante ou mal garée, un sac poubelle déplacé...ou encore le moteur qui n'amorce pas l'allumage pour une raison technique que lui seul connaît, le mettent hors de lui. Il vocifère alors contre tout ce qui l'entoure en usant d'un langage cru réprobateur. Il n'en est que plus pugnace, surtout si d'aventure il est sorti de son domicile après une querelle familiale ou un petit «différend offert au petit déjeuner» qui peut se traduire par un café servi froid ou pas assez corsé à son goût, ou simplement encore parce qu'il est en retard (comme souvent) pour se rendre au boulot. Les causes peuvent être multiples mais jamais assez justifiées pour servir de motifs d'agressivité, contre son concitoyen automobiliste, ou le piéton de surcroît, dès l'assaut de l'asphalte à bord de son «machin». Nombre de caricatures des bédéistes nationaux et d'ailleurs ou des dessins animés de grande signature, ont «tourné en bourrique» ces chauffards qui sont souvent montrés comme des «supermen au volant de leurs bolides» semant l'insécurité et la mort sur les routes. Il est admis généralement que les automobilistes, qui voient leur voiture comme un symbole de statut social ou de réussite dans la vie, sont plus susceptibles de conduire et se conduire de façon agressive. Leur style de conduite fait alors partie de la nouvelle personnalité affichée, même s'il peut varier selon l'humeur ou la fatigue. La plupart du temps, un comportement agressif au volant est associé à d'autres attitudes. Comme celles d'insulter un autre conducteur ou de lui signifier son courroux par des gestes hostiles, identifiables comme des comportements agressifs. Ces incivilités au volant, ou dans la rue, semblent être en recrudescence chez nous dans une société qui a perdu ses repères de courtoisie et de conduite préventive. Hélas, la perte du self-contrôle ne fait que refléter l'ego de l'homme au volant, dont la violence du verbe précède souvent celle physique. D'aucuns estiment que cette agressivité n'est que le reflet fidèle et brutal de notre environnement quotidien rythmé par les insuffisances du cadre de vie et de bien-être dont souffre le citoyen algérien. L'agressivité, dans la rue comme au volant, peut cependant être, un tant soit peu, évitée ou contournée en adoptant une attitude polie même vis-à-vis de l'autre conducteur qui ne l'est point. Les conseils émis par des psychologues recommandent certains comportements pour se mettre à l'abri des conducteurs agressifs. Il est, par exemple, déconseillé de se croire constamment menacé et, si un autre conducteur agressif vous lance un défi de vitesse, cédez-lui le chemin sans l'intimider davantage par un contact visuel négatif ou des gestes mal à propos. L'édition européenne L'Observatoire du véhicule d'entreprise, avait annoncé dans une publication récente, une mobilisation importante des constructeurs, motoristes, équipementiers et autres gestionnaires de flottes pour «modifier le comportement des conducteurs...» Ce volet mental, qui intéresse, bien sûr, l'automobiliste algérien, n'est cité, hélas! qu'après de nombreux autres relatifs aux aspects techniques et économiques du véhicule. Aussi, toutes ces dispositions «révolutionnaires», de par leur technologie, ne concernent pas le comportement mental du conducteur sur nos routes et ailleurs.