Les pays du Sahel appellent au respect des résolutions du Conseil de sécurité et au non-paiement de rançons aux terroristes. Une mise en garde contre le terrorisme et la misère. Les pays du Sahel ont décidé de sévir en matière de lutte antiterroriste. Aucun «cadeau» ne sera fait ni aux groupes armés ni aux puissances occidentales. Désormais, les pays de la région ne se soumettront plus au chantage des terroristes ni aux pressions exercées par l'Occident. Telle est l'une des décisions prises par les ministres des Affaires étrangères et les représentants des pays qui ont pris part à la conférence tenue avant-hier à Alger, à savoir l'Algérie, le Burkina Faso, la Libye, le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad. Cette décision a été prise après l'affaire de «l'otage» français, Pierre Camatte. Les terroristes avaient revendiqué au gouvernement malien la libération de quatre terroristes, dont deux Algériens recherchés, pour libérer l'otage français. Bamako a fini, sous la pression de Paris, par céder au chantage des terroristes. Cette affaire a servi de leçon aux pays de la région. C'est ainsi qu'ils ont décidé de condamner le paiement de rançon. Au niveau bilatéral, les ministres ont mis l'accent sur le renforcement de la coopération entre les Etats de la région par la mise en ouvre, notamment de mécanismes et accords bilatéraux. Ils ont appelé, également, tous les pays membres des Nations unies au respect et à l'application «pleine et entière» des résolutions du Conseil de sécurité et l'adoption de mesures répressives à l'égard de personnes et entités listées pour leurs liens supposés avec des activités terroristes en vertu des résolutions (1373, 1267, 1904) du Conseil de sécurité ainsi que la Convention internationale de 1979 sur la prise d'otages et la Convention internationale de 1989 pour la répression du financement du terrorisme. Globalement, les ministres des Affaires étrangères mettent l'accent sur l'importance de renforcer les mécanismes d'assistance judiciaire mutuelle, fondés sur les conventions judiciaires bilatérales existantes, les conventions régionales et internationales en lien avec le terrorisme et sur les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité. La réunion d'Alger se veut une occasion pour les ministres des Affaires étrangères de faire une évaluation sur le plan politique et surtout pour impliquer l'ensemble des pays du voisinage dans une stratégie d'action. A ce propos, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a souligné: «La réunion s'est déroulée dans la franchise du fait que c'était une occasion pour échanger nos points de vue, non seulement sur les préoccupations communes mais aussi et, particulièrement, sur ce que furent nos faiblesses et nos points forts pour faire face (aux) menaces.» Le ministre a expliqué que la réunion s'est déroulée sous le signe de la responsabilité «parce que nous avons tous une responsabilité en tant qu'Etats, de lutter contre ces phénomènes (le terrorisme et ses connexions avec le crime transnational organisé et les trafics de tous genres), d'abord dans nos pays, ensuite sur un plan bilatéral et, enfin, sur un plan sous-régional». Il a ajouté que la réunion a été marquée par une détermination du fait, a-t-il précisé, que «nous sortons d'Alger avec un consensus total, non seulement sur ces préoccupations mais avec des actions». D'autres points relatifs au développement de la région ont été abordés. Il s'agit, notamment, de l'importance de réaliser des programmes de développement durable pour l'amélioration des conditions de vie des populations et leur réinsertion socio-économique, ainsi que le renforcement des actions humanitaires pour faire face aux différentes situations d'urgence. Ils ont enfin réaffirmé leur soutien aux grands projets structurants à vocation régionale. Ce volet a été qualifié de prioritaire par les participants.