Les quatre pays de la région appréhendent différemment la menace terroriste et les moyens à mettre en place pour y faire face, d'où l'importance d'une telle rencontre, en vue de rapprocher les points de vue et de mieux coordonner la lutte antiterroriste. Une réunion de coordination entre les chefs d'état-major des forces armées de l'Algérie, du Mali, de la Mauritanie et du Niger, se tient de mercredi à jeudi à Tamanrasset au siège de la VIe Région militaire, a indiqué le ministère de la Défense nationale dans un communiqué. Cette réunion s'inscrit “dans le cadre des efforts soutenus consentis par les hautes instances des pays participants, relatifs au renforcement des relations de coopération militaire et sécuritaire”, a-t-on précisé de même source. La rencontre sera “une occasion pour toutes les parties à l'effet d'aborder les questions d'intérêt commun, d'échanger les points de vue et d'examiner ensemble les voies et moyens de consolider la coopération autour d'une lutte commune contre la criminalité qui sévit au niveau des bandes frontalières et, plus particulièrement, le terrorisme”, conclut le communiqué du ministère de la Défense. Même si rien n'a filtré au sujet de cette rencontre, force est de constater que les quatre pays de la région appréhendent différemment la menace terroriste et les moyens à mettre en place pour y faire face, d'où l'importance d'une telle rencontre, en vue de rapprocher les points de vue et de mieux coordonner la lutte antiterroriste. Il est vrai que la situation varie d'un pays à un autre. L'Algérie, qui a grandement souffert de ce phénomène, sait que sa victoire sur le terrorisme passe par un tarissement de ses sources de financement et d'armement qui proviennent généralement via les pays du Sahel. En insistant sur la sécurisation de ses frontières sud, l'Algérie est consciente que sans l'implication effective des pays de la région, les groupes terroristes continueront à utiliser ces pays comme zone de refuge, de transit, de kidnapping et quelques opérations spectaculaires. C'est pourquoi, l'Algérie a multiplié ses efforts en vue, d'abord, de faire ratifier la convention africaine de lutte antiterroriste, et ensuite de venir en aide aux pays de la région, pour leur permettre de lutter efficacement contre le terrorisme. Le Mali se présente comme le maillon faible de ce quatuor. Le pays avait beaucoup hésité avant de s'attaquer aux groupes terroristes sévissant sur son sol. Il est vrai que le pays était en butte à une rébellion touareg au Nord et que les groupes terroristes ne semblaient pas l'inquiéter outre mesure. Cependant, la recrudescence des kidnappings de ressortissants occidentaux, les négociations pour leur libération, en contrepartie de rançons versées aux terroristes, mais surtout la liquidation d'un otage britannique, allaient mettre le pays dans une situation embarrassante. Sous la pression de la communauté internationale, le Mali a fini par donner un coup de pied dans la fourmilière terroriste, même s'il vient tout juste de négocier avec les terroristes, l'échange de prisonniers. Le Mali a bénéficié d'une aide logistique de la part de l'Armée algérienne, ainsi que des formations par des experts américains. Ce n'est pas le cas pour le Niger, le pays le moins équipé des quatre, mais le plus intransigeant vis-à-vis des groupes terroristes. En dépit de la faiblesse de ses moyens de lutte, et des problèmes internes, le Niger n'a pas fléchi devant la menace terroriste et mène une politique résolument axée sur le refus de voir son territoire servir de base arrière aux groupes terroristes. De son côté, la Mauritanie reste décidée à combattre le terrorisme et à coopérer avec les pays de la région, d'autant plus que le pays ressent durement les effets du terrorisme, avec l'annulation, l'année dernière, de l'étape mauritanienne du Paris-Dakar, mais aussi des multiples projets d'exploration des hydrocarbures en attente. Toutefois, la lutte menée contre les groupes terroristes en Mauritanie risque de subir les contrecoups de l'instabilité politique qui caractérise le pays depuis quelques années. La rencontre de Tamanrasset a été marquée par l'absence de la Libye, un autre pays qui a décidé de faire cavalier seul dans la lutte anti-terroriste. Tripoli, qui entretient des relations privilégiées avec les mouvements rebelles touaregs dans les pays du Sahel, suscite méfiance et inquiétude chez les dirigeants de ces pays. Toujours est-il que les pays de la région sont condamnés à s'entendre et à coordonner leurs efforts en vue de lutter efficacement contre le terrorisme. L'Algérie, de par son expérience dans le domaine, veut et peut jouer un rôle de locomotive dans cette lutte coordonnée contre le terrorisme. Elle a déjà consenti d'énormes efforts en direction de ses voisins et elle ne rechignera devant aucun moyen pour faire en sorte à ce que chaque pays, dans le cadre de sa souveraineté, puisse combattre efficacement le terrorisme et contribuer, ainsi, à sécuriser la région. Car, il faut bien le rappeler, les pays occidentaux, à leur tête les Etats-Unis d'Amérique, n'ont jamais caché leur intention de s'installer militairement dans la région. Le refus unanime des pays de la région de l'idée d'installer l'Africom dans la région pourra-t-il résister à la réalité du terrain ? Si les pays de la région sont incapables de combattre le terrorisme, s'ils sont dépassés par ce phénomène, la présence des forces armées occidentales serait alors inéluctable. Azzeddine Bensouiah