Les groupes terroristes l'ont bien compris en ciblant particulièrement des Occidentaux, dont les pays acceptent facilement le versement de rançons. Les Allemands, les Autrichiens et les Canadiens en ont déjà payé. Les prises d'otages occidentaux en Mauritanie et au Mali se poursuivent et se ressemblent, transformant la région en véritable terrain de business pour le réseau Al-Qaïda qui y pratique un business fort rentable. Cette fois-ci, “la prise” est grosse, puisqu'il s'agit de trois Espagnols, un Français et deux Italiens. La facilité avec laquelle les terroristes agissent dans cette vaste étendue désertique, qui leur offre de multiples voies, est parfois encouragée par le manque de moyens et/ou de volonté de lutte contre ces groupes qui sévissent tout le long de la bande sahélienne, mais souvent ce sont les pays occidentaux, beaucoup plus préoccupés par la survie de leurs ressortissants que de la destination de l'argent des rançons, qui donnent des ailes aux groupes terroristes. L'Algérie, première victime de ces prises d'otages, sachant que l'argent versé à Al-Qaïda servira à l'achat d'armes et au recrutement, n'a cessé de plaider pour la criminalisation du paiement des rançons. Sous son impulsion, une résolution onusienne devrait être adoptée bientôt. Mais son application restera tributaire de la volonté des Etats, notamment occidentaux, à ne pas céder au chantage des groupes terroristes. D'ailleurs, les groupes terroristes l'ont bien compris en ciblant particulièrement des Occidentaux dont les pays acceptent facilement le versement de rançons. Les Allemands, les Autrichiens et les Canadiens ont déjà payé des rançons, alors que les Britanniques refusent catégoriquement cette idée, d'où l'exécution de leur otage par Al-Qaïda. Des pays occidentaux ne veulent pas prendre le risque de perdre un de leurs ressortissants, au risque de voir l'opinion publique se retourner contre eux. C'est que, dans leurs calculs, la vie d'un otage vaut plus que celle d'un peuple en butte à la menace terroriste permanente. L'Algérie, qui a combattu seule le terrorisme durant plus d'une décennie, se retrouve actuellement confrontée à une menace venant de l'extérieur. Si les forces de sécurité ont réussi à réduire considérablement les capacités de nuisance des groupes terroristes, acculés dans leurs terriers, elles ont du mal à empêcher que ces groupes ne reprennent leurs forces grâce au financement des prises d'otages. Si, par le passé, les pays occidentaux offraient refuge aux réseaux de soutien du terrorisme, ils assurent présentement leur financement, au risque de transformer la région du Sahel en un second Waziristan, avec toutes les conséquences que cela impliquerait. La large bande sahélienne, souvent utilisée par les contrebandiers, est devenue un terrain de chasse privilégié des terroristes. Ces derniers rançonnent les trafiquants de drogue en leur assurant protection. La jonction entre le terrorisme et le grand banditisme a été maintes fois établie. Que ce soit au nord du pays, où les voleurs de sable sévissent dans les fiefs du GSPC, ou dans le Sud, où les trafiquants de drogue jouissent d'une protection des groupes terroristes. Il y a lieu de rappeler que les groupes terroristes dans la région du Sahel ont jeté leur dévolu sur la frontière mauritano-malienne pour exécuter leurs prises d'otages, après avoir agi, durant les années 1990, dans la région entre l'Algérie et le Mali. Le kidnapping de deux touristes autrichiens dans le sud de la Tunisie et leur transfert vers le nord du Mali aura été la dernière opération dans cette région. Laquelle opération a été fructueuse pour Al-Qaïda qui avait fait plier le gouvernement autrichien, par le biais d'une médiation officielle malienne. La Mauritanie est devenue, de ce fait, le terrain de chasse privilégié des groupes terroristes, notamment sa région frontalière avec le Mali. Ce dernier pays, souvent mis en cause pour son attitude laxiste vis-à-vis des groupes terroristes, a pourtant bénéficié d'aides substantielles de la part de l'Algérie, mais aussi de plusieurs pays occidentaux. C'est d'ailleurs le Mali qui serait en train de négocier avec les ravisseurs le versement de rançons, en toute discrétion pour ne pas s'attirer les foudres de la communauté internationale, lui qui s'était engagé dans l'effort commun des pays de la région dans la lutte antiterroriste. Selon des sources maliennes, le gouvernement aurait repris contact avec les chefs de tribu en vue de renouer le contact avec les ravisseurs qui se trouvent sur son sol afin de négocier la libération des otages contre d'éventuelles rançons. Cette énième volte-face malienne risque de compromettre tous les efforts consentis par les pays de la région en vue de mener ensemble une lutte implacable aux groupes terroristes encore en activité dans la région. L'attitude du gouvernement malien s'inscrit en porte-à-faux avec ses engagements vis-à-vis de ses partenaires de la région et de la communauté internationale et encourage davantage les groupes terroristes à s'installer durablement dans ce pays où leurs affaires marchent à merveille.