Le scénario des émeutes du mois d'avril 2008 est encore vivace dans les esprits. 13.000 familles vivant dans des bidonvilles réclament des logements décents. Cinq arrestations parmi les émeutiers de Koka, près de la localité d'El Hassi située à l'ouest de la ville d'Oran. Une vingtaine d'interpellations à Gdyel, petite localité sise à 20 km à l'entrée est d'Oran. Ces dernières seraient à l'origine des émeutes qui ont secoué les deux petites bourgades. En attendant la suite des événements, les deux localités, limitrophes du chef-lieu de la wilaya d'Oran, vivent, ces derniers jours, au rythme de la contestation. Les protestataires revendiquent le droit au logement. Ça chauffe véritablement. A Gdyel tout comme à El Hassi, plusieurs dizaines de familles, contestant les décisions émises par l'administration locale, sont sorties dans la rue. Solutionner le cas d'El Hassi est loin d'être une sinécure du fait que les lois interdisent toute agression contre l'environnement. Et dans la petite forêt de Koka, toutes les lois ont été bafouées. Près d'une centaine de bidonvilles ont été dressés sur un terrain étatique. Les occupants sont issus, pour la majorité, des wilayas limitrophes. Compte tenu de la complexité du dossier, l'opération de démolition de ces habitations de fortune, qui devait avoir lieu au début de l'année en cours, a été reportée à maintes reprises. Jusqu'à lundi après-midi, l'éradication de ces bidonvilles par les services techniques du secteur urbain de Haï Bouamama, constituait l'une des premières priorités des pouvoirs locaux, étant donné que cette vision a été approuvée par les plus hautes autorités. Mardi matin, les bulldozers de la commune d'Oran ont pris la route d'El Hassi. Se sentant lésés dans leur droit à une habitation décente, les occupants de baraquements de Koka ont investi la rue pour manifester leur colère tentant d'obstruer tout accès aux engins dépêchés sur les lieux accompagnés par un impressionnant dispositif sécuritaire. L'affrontement était inévitable. Devant la pluie de jets de pierre des jeunes en furie, les éléments de la brigade antiémeute ont dû user de bombes lacrymogènes. Hier matin, la situation était encore tendue, mais la police était omniprésente. Les familles expulsées étaient encore sous le choc. «Où irons-nous maintenant qu'on nous a expulsés?», s'interrogent les désormais ex-occupants des bidonvilles de Koka. Des camions de différents tonnages ont été dépêchés par les pouvoirs publics sur les lieux aux fins de déplacer les ex-occupants des bidonvilles vers leur destination de choix. La démolition, mardi, des bidonvilles a été précédée par plusieurs mises en demeure sommant les squatteurs de quitter les lieux après que les éléments des services techniques communaux, de la préservation de l'environnement, de la police d'urbanisme et de la daïra d'Oran ont eu la confirmation que les constructions illicites connaissent une expansion de jour en jour. «Au dernier bilan, près d'une centaine de constructions illicites ont été recensées alors que lors du recensement du mois dernier, il n' y avait qu'une trentaine de bidonvilles», indiquent les services en charge de la question. Selon la même source, plus de 6500 m² de terres agricoles ont été détournés et répartis en lots avant d'être revendus illicitement. Qui est responsable de ce détournement de terres étatiques pour les transformer en un véritable bagne à ciel ouvert où se conjuguent tous les phénomènes sociaux? Aucune réponse n'est avancée. C'est la loi de l'omerta. A Gdyel, la contestation s'est déplacée au chef-lieu de la wilaya d'Oran. Hier matin, une centaine de familles de Gdyel se sont rassemblées devant le siège de la wilaya exigeant l'ouverture, immédiate, d'une enquête sur les modalités et mécanismes ayant accompagné la dernière opération d'attribution de logements et la révision de la liste des attributaires. La question du logement demeure récurrente dans une ville qui comptabilise 80.000 demandes de logements sociaux, alors que l'offre n'excède pas les 22.000 unités. Pourtant, les autorités locales soutiennent que l'éradication des bidonvilles n'est qu'une question de temps même si elles ont recensé quelque 13.000 baraques à travers la wilaya d'Oran qui s'apprête à accueillir 3000 délégués devant prendre part à la 16e Conférence internationale du gaz naturel liquéfié.