Sidi Salem, une petite localité située à une dizaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya de Annaba, est depuis 3 jours le théâtre d'affrontements entre émeutiers et forces de l'ordre suite à de violentes manifestations déclenchées vendredi dernier. La cause de cette protesta est le retard accusé dans le recasement des 3 000 familles vivant depuis plus de 3 décennies dans un baraquement de la cité SAS datant de l'époque coloniale. Les manifestants demandaient que les logements implantés en face du pôle universitaire achevés et réceptionnés depuis peu dans la commune d'El Bouni leur soient attribués. Ce qui n'était pas prévu par les autorités locales qui ont tracé un programme de relogement des familles vivant dans des conditions précaires s'étalant sur plusieurs mois. Les manifestants avaient investi la rue et bloqué toutes les voies. Des objets hétéroclites, pneus brûlés, troncs d'arbres et autres blocs de pierre avaient interdit l'accès aux automobilistes empruntant la RN 44 reliant Annaba à El Tarf. La situation a très vite dégénéré suite à l'intervention des forces de sécurité qui avaient usé de grenades lacrymogènes pour disperser les manifestants et rétablir la circulation. Les échauffourées entre policiers et manifestants ont fait plus d'une vingtaine de blessés dans les 2 «camps» et la tension continuait à monter. Il «pleuvait» de gros cailloux de partout et les éléments de la police d'intervention étaient parfois obligés de se replier avant de revenir et de gagner du terrain. Il a fallu plusieurs heures pour pouvoir maîtriser la situation, du moins du côté de la RN 44, où la circulation a été finalement rétablie. Hier, les manifestants sont revenus à la charge, cette fois en force, et ont réussi à incendier l'antenne administrative dépendant de la commune d'El Bouni ainsi que le bureau de poste. Là aussi les forces de sécurité sont intervenues pour rétablir l'ordre en usant de bombes lacrymogènes et de matraques. Plus d'une trentaine de manifestants ont été arrêtés et présentés devant le tribunal d'El Hadjar, et placés sous mandat de dépôt par le magistrat instructeur. Ce qui a encore mis le feu aux poudres et la situation a dégénéré pour, encore une fois, provoquer l'intervention des éléments de la police. Une accalmie toute relative et précaire a caractérisé l'après-midi d'hier, les délégués des émeutiers ont fait le déplacement à Annaba pour être reçus par le chef de l'exécutif.