Les intoxications alimentaires tendent à devenir une tradition de l'été algérien. Des 12 personnes qui viennent d'être victimes d'une intoxication alimentaire grave dans la wilaya de Tlemcen, 2 sont décédées et 3 sont encore en observation au CHU d'Oran. Tel est le dernier bilan de l'attaché de presse du ministère de la Santé, M.Slim Belkessam, que nous avons contacté hier après-midi et qui nous a indiqué que l'enquête déclenchée par les Services d'épidémiologie et de médecine préventive (Semep) du CHU de Tlemcen est toujours en cours pour déterminer les causes exactes de cette intoxication. Mais d'ores et déjà, il semble, selon notre interlocuteur, que les pistes de l'enquête s'orientent vers ce qu'il a appelé «un dénominateur commun à toutes les victimes», à savoir la consommation d'un fromage fondu commercialisé par un seul et même grossiste demeurant à Es-Sénia près d'Oran. Alors sommes-nous en présence d'une forme grave de botulisme? Pour M.Belkessam si «toutes les présomptions conduisent, au stade actuel de l'enquête, à cette conclusion, rien n'indique de façon médicale définitive que c'est vraiment le cas». En attendant, les résultats définitifs des analyses toxicologiques, les investigations qui sont menées en collaboration avec les services concernés du secteur du commerce permettront de vérifier si la mauvaise qualité du fromage en question trouve son origine dans le processus de production ou bien dans les conditions de stockage et de commercialisation. A ce niveau, se pose le problème de la prévention de ce genre de situation et de la fiabilité de la réglementation en vigueur dans ce domaine. Pour le responsable de la communication du ministère de la Santé, «le problème ne se pose pas en termes de dispositif légal ou d'arsenal réglementaire». «La prévention concerne plusieurs départements ministériels et doit concerner l'ensemble des produits périssables ou comportant des dangers de ce genre». «Elle doit en outre se faire à, un double niveau : respect de toutes les normes en vigueur; arrêt des importations de ces produits par des filières trabendistes». Autrement dit, le ministère de la Santé seul ne peut pas lutter efficacement contre le phénomène des intoxications alimentaires. Il faut que chacun fasse montre de ses compétences et de ses prérogatives pour juguler ces situations qui tendent à devenir une tradition de l'été algérien. En effet, face à l'accroissement des flux d'importations de ces produits périssables ou de leur matière première de fabrication, des mauvaises conditions de stockage et de la prolifération du phénomène des supérettes et des grossistes qui n'appliquent pas souvent les règles d'hygiène et de prévention des maladies, comment ne pas avoir de temps à autre ce genre d'intoxications. Certes, il existe à l'échelle nationale ce qu'on appelle les Bureaux communaux d'hygiène (BCH), mais faute de moyens leurs actions restent limitées ou très épisodiques Il est vrai que les citoyens ont, eux aussi, leur part de responsabilité dans ce genre de tragédie, quand ils achètent le poisson à 18 h après qu'il eut été exposé toute la journée au soleil et à la poussière par 35 degrés à l'ombre. Idem pour les oeufs, le lait ou le fromage. Quant au fameux comité «Hygiène et sécurité alimentaire» - qui devait être mis en place en 1998 au lendemain de l'épidémie de botulisme de Sétif qui avait fait pas moins de 42 morts à la suite de la consommation de casher non conforme - il n'a toujours pas vu le jour, en dépit de la tenue d'un séminaire intersectoriel sur le sujet et la finalisation en ce sens d'un arrêté interministériel, mais qui n'a pas été signé cependant par tous les secteurs concernés. Aussi, l'action de prévention des intoxications alimentaires du ministère de la Santé se limite-t-elle à des campagnes de sensibilisation des citoyens à travers des spots à la télévision, à la radio, de placards publicitaires dans la presse et de travail de proximité au sein de quelques associations spécialisées.