La panne, qui touche depuis trois jours le système informatique d'Algérie Poste, a conséquemment relancé les vieux réflexes. «Il faut absolument que je retire mes économies aujourd'hui car on ne sait jamais ce qui peut arriver», déclarait hier un épargnant de Béjaïa qui n'était pas spécialement dans le besoin en matière de liquidité. Notre interlocuteur avait tout simplement peur pour ses économies placées dans un compte postal. Sa réaction trouvait sa raison d'être dans la panne majeure qui a touché depuis quatre jours le système informatique d'Algérie Poste. Comme lui, ils devaient probablement être des millions à avoir, hier, la même appréhension face à cette situation qui perdure et qui rappelle bien des situations pas trop orthodoxes. Le peu de gens qui continuent encore à utiliser les moyens modernes dans la gestion de leurs économies, majoritairement par contrainte cela s'entend, sont gagnés par l'incertitude. Un doute qui a pris forme avec l'affaire Khalifa Banque. A l'époque déjà, des milliers d'Algériens se sont faits arnaquer et sont devenus des laissés-pour-compte. Et les réactions plus que légitimes constatées hier chez certains épargnants n'ont de sens que celle d'une démarche préventive. Aussi, les six millions de clients titulaires de comptes CCP éprouvent des craintes devant les inconséquences à répétition qui émaillent les systèmes informatiques de gestion. Aujourd'hui, le citoyen algérien se montre suffisamment méfiant vis-à-vis de l'usage de ces moyens pourtant, en vogue sous d'autres cieux. L'Algérien continue à faire ses transactions commerciales simples ou complexes, de manière traditionnelle, avec tout ce que cela charrie comme risque. La preuve nous est venue encore une fois, hier, à la suite de la disparition d'un milliard et 300 millions de centimes lors d'une attaque d'un fourgon blindé. Le risque ne réside pas seulement à ce niveau mais également dans le trafic de billets. Combien de fois n'a-t-on pas hérité d'un ou de plusieurs faux billets pas toujours faciles à détecter. Très souvent, les clients d'Algérie Poste se plaignent du dysfonctionnement des distributeurs automatiques de billets. Les sommes sont retirées du compte et les billets ne sont pas livrés au titulaire. Des inconséquences similaires sont légion et touchent pratiquement tous les secteurs expliquant parfaitement tout le retard qu'enregistre actuellement notre pays en matière d'usage des moyens et technologies modernes. L'exemple de l'Eepad est, lui aussi, assez illustratif. 20 millions d'internautes sont restés en marge de la communication par Internet à la suite d'un différend avec lequel ils n'ont rien à voir. Echaudés par tous ces scandales, l'Algérien continue à privilégier de manière archaïque la gestion de la vie courante. N'était-ce l'obligation faite aux fonctionnaires d'ouvrir un compte, il y aurait très peu de monde qui aurait recours aux chèques et autre carte magnétique. L'insécurité, les commodités d'accueil pas souvent à la hauteur, éloignent de plus en plus l'Algérien des bienfaits et avantages de la modernité (TIC). Cela restera ainsi encore plusieurs années.