La qualification en Coupe du Monde ne doit pas être l'arbre qui cache la forêt. Le petit théâtre de la Maison de la culture Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou a abrité, avant-hier après-midi, une rencontre où les présents se sont penchés sur le football national et les perspectives de sa professionnalisation. Les interventions des acteurs impliqués depuis longtemps dans ce sport roi ont porté essentiellement sur les problèmes qui se dressent encore devant la volonté de remettre cette discipline sur les rails de la modernisation. Miloud Iboud, ancien joueur de la JSK, est revenu sur un nombre de contraintes qui empêche encore l'émergence des talents. De son côté, Djamel Menad, profitant de cette rencontre, n'ira pas avec le dos de la cuillère pour dénoncer les pratiques extrasportives qui émaillent la gestion des clubs. La conférence-débat a, pour rappel, été organisée par notre confrère le quotidien sportif Planète Sport. Les conférenciers s'accordaient, en effet, sur la situation lamentable qui règne dans les milieux du football et du sport en général. Concernant le ballon rond, Djamel Menad dira que la crise a commencé lorsque les sociétés nationales ont été contraintes par la crise économique des années 1980 à se retirer du financement des clubs. Les difficultés financières qui ont frappé l'économie du pays ont sapé les efforts et les améliorations apportées par la réforme du sport de 1976. Cependant, le niveau actuel ne s'explique pas uniquement de ce point de vue. Pour Miloud Iboud, la gestion du sport roi, par des personnes non connaisseuses a conduit à du bricolage sur tous les plans. Malgré l'apport financier considérable de l'Etat, le sport n'a pas connu d'amélioration. Bien au contraire, le niveau du football algérien a régressé de façon spectaculaire. Pour les conférenciers, les budgets n'ont pas profité aux jeunes. Les responsables des clubs n'accordaient pas d'importance à la formation. Ainsi, pour illustrer cet état de fait désolant, Djamel Menad dénoncera l'existence de ce qu'il a qualifié de «pique-assiettes» à tous les niveaux des clubs. Au chapitre de la formation, tous les intervenants se sont accordé à dire que le volet a été totalement ignoré. Les jeunes talents restent inconnus et abandonnés au sein de leurs petits clubs alors que les dirigeants dépensent de milliards pour des joueurs qui ne sont pas sélectionnables en Equipe nationale. Une situation qui fera dire à Iboud que la qualification en Coupe du Monde ne reflète en rien l'état du football algérien. Djamel Menad déplorera, pour sa part, l'instabilité des staffs techniques qui caractérisé les clubs algériens. Enfin, la rencontre de ce vendredi a eu le mérite de soulever un grand nombre de problèmes qui entravent la modernisation du sport roi et les tentatives de le hisser au niveau mondial. La professionnalisation s'est également avérée être l'unique solution pour débarrasser les clubs algériens des incompétents, mais elle ne doit pas ignorer l'expérience de certains anciens, pour autant.