Si le gouvernement comptait sur le relèvement du Snmg pour augmenter le pouvoir d'achat, c'est raté. Le rythme d'inflation a baissé en mars dernier à 5,3%. A la même période de l'année dernière, il était de 5,7%. La baisse n'est que d'un demi-point. Pour schématiser cet état de fait, on peut effectuer une comparaison avec quelqu'un qui chute du 10e puis du 9e étage. Les dégâts sont tout aussi considérables. 5% d'inflation, c'est toujours au-delà de l'objectif du gouvernement. Ce dernier voudrait la ramener à 3,5% en 2010. C'est ce qu'avait dit Karim Djoudi, le mois dernier en marge de la cérémonie d'ouverture de la session de printemps de l'Assemblée populaire nationale. Il avait prédit un taux oscillant entre 3 et 3,5%. Dans la LFC 2009, le gouvernement avait tablé sur 4% d'inflation pour 2010 avant que la loi de finances 2010 ne soit promulguée sur la base d'un taux de 3,5%. Lutter contre l'inflation équivaut à redonner du pouvoir d'achat aux travailleurs. D'un autre côté, si le gouvernement laisse filer cet indicateur, les pauvres ne feront que s'appauvrir davantage, annihilant de fait les efforts du gouvernement pour améliorer leurs conditions de vie. Le Premier ministre a été assez explicite sur la question. Il l'a rappelé en décembre dernier à l'occasion de la tripartite. Si les prix augmentent rapidement, il y a peu de chance que les travailleurs puissent bénéficier réellement de l'augmentation du salaire minimum de 3000 dinars. Or, les informations parvenant de l'ONS confirment ce que tout le monde savait déjà: l'augmentation des prix des produits entrant dans la composition du panier de la ménagère continue. L'indice des prix à la consommation a connu une variation de +4,3% durant le premier trimestre de l'année en cours. Les prix des biens alimentaires ont augmenté de 5,9% par rapport à la même période de l'année 2009. Les produits agricoles frais ont enregistré une hausse de 5,3% et les autres produits alimentaires +6,5%. Les prix de la pomme de terre ont baissé de 12,8%. Ceux de la viande de poulet de 11,8% et ceux des oeufs de 10,7%. Tout le reste des produits, c'est-à-dire, beaucoup, s'est caractérisé par des hausses. La plus prononcée a touché le sucre et les produits sucrés avec près de 50%, et les fruits frais avec presque le même taux. Les chefs de famille le constatent chaque jour. Les travailleurs de la Snvi l'ont dit juste après la tripartite. Les enseignants et les médecins le crient sur tous les toits et au même rythme. Les autres vivent la situation en silence. Mais ils ne sont pas aveugles. Ils voient que le prix de la viande chez leur boucher affiche une hausse de 15,2%. Le poisson, les boissons, l'huile et les légumes n'ont pas échappé au phénomène. L'ONS ne se trompe pas lorsqu'il indique que de janvier à mars 2010, tous les produits de consommation entrant dans la composition du panier des ménages, ont enregistré des hausses. Et il précise que la plus importante est celle du groupe alimentation-boissons. Le logement et les charges ainsi que les frais de santé et d'hygiène corporelle ont suivi la même courbe. Habillement, loisirs, transports et communication ont eux aussi, vu leurs prix et tarifs grimper.