Photo : Riad Par Ghada Hamrouche Les revenus bruts des ménages algériens sont passés de 425,3 milliards de dinars en 1990 à 4249,1 milliards en 2006, soit une croissance de 15,5%. Cette progression s'est accompagnée d'une évolution des prélèvements obligatoires au rythme de 14,6% en moyenne annuelle. Ceux-ci sont passés de 62,9 milliards de dinars en 1990 à 553,3 milliards en 2006. Le rapport du Conseil national économique et social (CNES) 2007 sur le développement humain, publié mercredi dernier, met en avant une évolution des salaires accompagnée d'une progression quasi similaire des charges et des prélèvements obligatoires avec une décélération des prix observée à partir de 2002. Le CNES note, toutefois, une pointe en 2004 avec 3,60%. Le même rapport met à l'index la reprise de l'inflation qui risque, selon les rédacteurs du rapport, d'introduire de nouveaux ajustements au détriment de certains secteurs sociaux. Alors que l'ONS a relevé une inflation estimée à 4,9% pour le premier semestre 2008, le CNES, qui se réfère à une inflation de 4,3% en 2006, estime celle subie par les produits agricoles frais à 6%, celle des produits alimentaires manufacturés à 2,5%. Quant à celle des services, elle était estimée à 2,6%. Pour le sous-groupe alimentation, boissons non alcoolisées, l'augmentation des prix, en moyenne annuelle, a été de 4,30%. Les prix de la pomme de terre ont enregistré une augmentation estimée à 58%, celle du sucre et des produits sucrés à 29,4%, celle des légumes à 6%, alors que les augmentations du café, du thé et des infusions ont connu un accroissement des prix de 5,90%. Les augmentations de la viande de bœuf et des abats ont connu des hausses de 4% et 3% pour les huiles et les graisses. Cette tendance inflationniste s'est poursuivie jusqu'au premier semestre 2008, comme nous l'avons précisé ci-dessus, puisque les derniers chiffres de l'ONS font état d'un rythme d'inflation atteignant les 4,9%. Un chiffre qui, rappelons-le, avoisine celui publié par le Fonds monétaire international qui le situait autour de 4,5%. Cette variation, selon l'analyse de l'ONS de l'évolution du marché algérien, trouve son explication dans les augmentations substantielles des produits de consommation. Une augmentation substantielle qui atteint les 9,2% pour les prix des produits alimentaires, 14,5% pour les produits alimentaires industriels et 4,5% pour les produits agricoles frais. Quant aux prix des produits manufacturés et des services, ils ont progressé chacun de 0,90% pendant la période de référence, soit les six premiers mois de l'année en cours, selon les statistiques de l'ONS publiées hier par l'agence de presse algérienne. Une étude comparative entre ce premier semestre 2008 et celui de l'année 2007 situe le rythme d'évolution de l'inflation autour de 2.5%, relève, toujours, l'office. Toutefois, l'ONS explique cette progression de l'inflation en Algérie par l'évolution des prix des matières premières sur les marchés internationaux. L'envolée des cours des matières premières en serait la cause principale des différentes augmentations sur le marché algérien. Les mêmes analystes font valoir des hausses qui ont touché essentiellement les prix des huiles et graisses. Une évolution qui a atteint les 44,8%. Quant à la hausse qui a touché le café, le thé et les infusions, elle se situe autour de 29,2%, celle des fruits autour de 17,9%, celle des poissons frais autour de 17,5%, celle du lait, des fromages et dérivés s'élève à 9,8%, celle du pain et des céréales à 9% et celle de la volaille, du lapin et des œufs se situe autour de 7,7%. La hausse ne concerne pas uniquement les prix des produits frais de cette filiale. Elle s'étend jusqu'au prix des viandes et des poissons en conserve qui s'élève de son côté à 1,9%, celle de la viande et des abats de mouton a atteint 1,8% et celle des boissons non alcoolisées s'élève à 0,10%. A l'exception des prix de la pomme de terre qui ont accusé une baisse de 9,10%, les prix du sucre et des produits sucrés (-6,70%) et à un degré moindre la viande et les abats de bœuf (0,40%), tous les produits du groupe alimentation s'étaient inscrits en hausse. Le taux d'inflation aurait été beaucoup plus important si le mois de juin n'a pas été plus clément que ses prédécesseurs. L'abondance des produits agricoles frais a endigué la flambée vertigineuse des prix. Ainsi, le taux d'inflation a connu une baisse de 2,1% au mois de juin 2008, par rapport au mois précédent, contre une hausse de 1,6% durant la même période de l'année 2007, selon les chiffres de l'ONS. Cette tendance -qui intervient après une augmentation de près de 0,9% relevée en mai 2008- est le fait des produits alimentaires qui ont baissé de 4,2%, résultat d'une chute de 8,4% des prix des produits agricoles frais. Des baisses tangibles caractérisent certains produits, notamment les légumes qui ont baissé de 25% et la pomme de terre avec une baisse de 15,6%. Le rapport du CNES estime que le rythme annuel d'inflation était de 4,5% en 2006 alors que les derniers chiffres de l'ONS l'estimaient à 2,5% pour la même année. Un chiffre qui a évolué, selon l'ONS, à 3,5% en 2007 pour atteindre les 4,9% le premier semestre 2008. Le rapport du CNES met en exergue les dispositifs de soutien à l'emploi et à la croissance tout en relevant leur répercussion favorable sur les revenus. Ainsi, le PIB par habitant serait passé de 1 806 dollars en 2000 à 3 478 dollars en 2006. Soit une progression de 12% sur une période de six ans. Pour le CNES tous ces facteurs ont dopé la consommation des ménages, notamment en véhicules de tourisme. Au niveau de l'alimentation, le CNES enregistre que la ration des ménages est toujours dominée par les céréales, le lait, les œufs, les légumes avec un déséquilibre en protéines, notamment la viande. Des indices déjà relevés par l'enquête de consommation de l'ONS datant de 2000, relevant que 65% des dépenses de consommation sont réalisées par les ménages urbains et 35% par les ménages en milieu rural. Relevant que l'année 2006 est la douzième année consécutive de croissance du produit intérieur brut avec un taux de 5,6% hors hydrocarbures, le CNES estime que l'aisance financière du pays devrait se répercuter sur l'amélioration du pouvoir d'achat des Algériens. Un pouvoir d'achat qui a subi de plein fouet toutes les crises du pays. Le CNES ne dissocie pas sa recommandation d'une mise en garde contre les retournements de tendance du marché, si volatil, des hydrocarbures. C'est pourquoi les rédacteurs du rapport préconisent de s'inscrire «résolument dans une perspective de partage de gains de productivité et non de rente pétrolière». Seule façon d'améliorer de façon pérenne les conditions de vie des Algériens, notamment leur pouvoir d'achat.