Israël pourrait reconsidérer son moratoire sur les nouvelles constructions en Cisjordanie occupée, faute de reprise des pourparlers de paix avec les Palestiniens, a averti le ministre israélien des Finances dans une interview publiée hier par le Jerusalem Post. «Si d'ici un mois ou deux les Palestiniens ne reviennent pas à la table des négociations, nous pourrions être amenés à annuler ou reconsidérer le gel» des nouvelles constructions en Cisjordanie occupée, a déclaré M.Youval Steinitz. «Quand vous prenez une décision qui est sans effet, voire contre-productive, eh bien il faut la reconsidérer», a-t-il ajouté. Fin novembre 2009, le gouvernement israélien a décrété-sous la pression des Etats-Unis-un moratoire de dix mois sur les nouvelles constructions en Cisjordanie occupée dans le but de relancer les négociations de paix avec les Palestiniens, suspendues depuis l'agression contre Ghaza (27 décembre 2008 au 18 janvier 2009). Ce gel ne concerne pas la partie orientale de Jérusalem occupée par Israël en 1967. Selon M.Steinitz, le Premier ministre israélien de droite Benjamin Netanyahu a fait trois gestes majeurs en direction des Palestiniens en se résignant à l'idée d'un Etat palestinien, en acceptant de geler temporairement la colonisation, et enfin en multipliant les initiatives pour favoriser «la paix économique» (levée partielle de barrages routiers, facilitation des contrôles aux points d'accès en Cisjordanie occupée, encouragement aux investissements...). L'Autorité palestinienne exige pour sa part un gel total de la colonisation israélienne, y compris à Jérusalem-Est, pour prix de sa participation à des négociations de paix. Au terme d'un an d'efforts diplomatiques, l'émissaire spécial américain George Mitchell a réussi à arracher un accord des Palestiniens sur des pourparlers indirects avec Israël sous son égide. Mais le lancement de ces négociations dites de «proximité» a été torpillé par l'annonce par Israël, en pleine visite le 9 mars du vice-président Joe Biden à Jérusalem-Ouest, de son feu vert à la construction de 1600 nouveaux logements dans un quartier de colonisation à Jérusalem-Est occupée. Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a appelé jeudi à redonner de l'élan au processus de paix, en appelant Benjamin Netanyahu à faire preuve de sincérité et en réclamant aux pays arabes de montrer que leurs efforts sont «authentiques». «Le chemin n'est pas facile, il faudra que chaque partie, y compris Israël, fasse des choix difficiles, mais nécessaires. Et cela demandera un leadership audacieux», a-t-elle estimé.