Ce projet, toujours en chantier, a englouti à ce jour la bagatelle d'environ 10 millions de dinars. Alors qu'ils devaient être achevés au bout de quelques mois, les travaux d'aménagement d'une nouvelle bibliothèque municipale dans l'ancienne église de Kouba, Saint-Vincent de Paul, traînent depuis bientôt cinq ans. Cela fait plus d'une dizaine d'années que les riverains entendent parler de l'ouverture probable d'une nouvelle bibliothèque communale. «Mais en réalité, rien n'a été fait, elle demeure fermée jusqu'à aujourd'hui», fait remarquer Karim, un jeune étudiant en sciences économiques à l'université d'Alger et qui habite à proximité de l'édifice. Située en face de la mairie de Kouba et à proximité du ministère des Ressources en eau, cette prestigieuse bâtisse avait servi, tantôt d'annexe dudit ministère, tantôt de bibliothèque communale, ou encore d'abri pour les sinistrés du séisme de 1989. Ces derniers avaient d'ailleurs squatté les lieux des années durant. Ce n'est qu'en janvier 2006 que les travaux de réaménagement ont été entamés concrètement. Mais seulement deux étapes du projet seront exécutées au cours de la même année, celle liée à la démolition et l'autre qui consiste en une opération d'étanchéité. La troisième et dernière phase reste inachevée pour des raisons que tous les responsables du projet avant et après 2007 semblent ignorer. «À mon installation, le 8 décembre 2007, le projet était à l'arrêt. Les deux premières tranches ont déjà été réalisées et il ne restait plus rien de l'enveloppe qu'on avait consacrée à l'aménagement de la bibliothèque. Je pense que l'équipe précédente a sous-estimé le projet et l'enveloppe n'était, de ce fait, pas suffisante», explique Mme Nacéra Bouneb, présidente de l'APC de Kouba. Le «relancement» dudit projet n'aura lieu qu'en avril 2009. Et d'ajouter: «Donc on a relancé le chantier pour l'achèvement de la troisième tranche qui concerne les finitions et l'habillage.» Lors de l'élection présidentielle de 2009, cette élue du FLN, à la tête de la commune depuis 2007, annoncera l'ouverture de la bibliothèque municipale pour la prochaine rentrée scolaire (septembre 2009). Cependant, les travaux connaîtront, pour la énième fois, un retard considérable et d'autres points bloquants avant de s'arrêter définitivement, à peine quelques mois plus tard. Justifiant ce report, Mme Bouneb pointera du doigt l'entreprise à laquelle le projet a été confié, elle affirmera: «Après avoir confié le projet à une entreprise, on a remarqué un ralentissement progressif des travaux avant l'arrêt total. J'ai adressé à l'entrepreneur plusieurs mises en demeure avant de résilier le contrat.» La lenteur des procédures administratives constitue une entrave non négligeable. Et de rassurer: «Le projet sera relancé et la bibliothèque sera opérationnelle bientôt.» Le manque de sérieux des entreprises en charge du projet, la lenteur des procédures, les fausses estimations sont, entre autres, les raisons invoquées par les différents responsables de ce petit projet communal à Kouba. Le budget qui a été consacré jusqu'à maintenant dépasse de loin les dix millions de dinars. «Dans les journaux, vous parlez du non-respect du calendrier, mais moi je trouve qu'il n'y a pas de calendrier ou du moins il est fictif», précise la présidente de l'APC de Kouba. «Même s'il s'agit d'un petit projet, il y a toujours des dessous que nous ne connaissons pas. Pendant le Panaf, ils l'ont retapé de l'extérieur, il y avait des soirées organisées sur la placette de la mairie (rire)», lance Kamel sur un ton moqueur, mais non sans amertume et dégoût. Questionné sur un éventuel problème de financement, Mme Bouneb assure: «A Kouba, il n'y a aucun problème de financement. Quand on veut réaliser un projet, on le fait. D'ailleurs, plusieurs infrastructures sont en cours de réalisation dans la commune...au cours du précédent mandat.» Les nombreuses tentatives de joindre les différents entrepreneurs chargés de réaliser le projet pour avoir de plus amples éclaircissements sur la question, ont été vaines. Un tel projet pourrait contribuer à, non seulement encourager le lectorat, mais aussi à diminuer la pression sur la Bibliothèque nationale d'Alger qui demeure surchargée. «Oh! vous savez, tout le monde saura trouver des subterfuges pour s'innocenter. C'est un peu comme le métro d'Alger ou le tramway qu'on annonce, ça fait plus d'une dizaine d'années...la responsabilité incombe toujours aux autres», s'offusque un quinquagénaire qui habite à proximité de l'ex-église. En effet, peut-on s'empêcher, aujourd'hui, de faire la comparaison entre ces projets de grande envergure, aux budgets colossaux et dont le lancement est annoncé à l'occasion de chaque rendez-vous électoral, et ces petits projets communaux? La réponse serait assurément, oui! Qu'il s'agisse de grands projets d'ordre économique et social ou de celui d'une simple infrastructure culturelle dans une petite commune algéroise, le constat est le même. Les deux sont gérés d'une manière aléatoire.