Les attentats terroristes, du mardi 11 septembre, ont déclenché la plus importante opération d'investigation jamais déployée sur le sol américain. 7000 agents du FBI, 400 spécialistes et au moins 1000 assistants, ont été lancés, à travers tous les Etats-Unis, à la recherche d'indices pouvant conduire à l'arrestation ou au démantèlement des réseaux terroristes. En quatre jours, l'enquête a abouti à d'importants résultats. 4000 pistes ont été suivies et plusieurs personnes arrêtées, pour être entendues. Des suspects ont été appréhendés et les interrogatoires se poursuivent, encore aujoud'hui, à un rythme accéléré. L'attorney général John Ashcroft avait dit, au lendemain des attentats, dans un point de presse, que les pirates de l'air étaient au nombre de 3 à 6 dans chacun des 4 avions de ligne détournés et qu'ils étaient armés de cutters et de couteaux. Cela suppose qu'ils étaient entre quinze et vingt, en tout. Il a aussi été révélé que, pour mener à bien une opération de cette importance, au moins cinquante ou soixante personnes auraient été mobilisées. Cela implique, de fait, une présence sur le sol américain d'au moins cent ou cent cinquante personnes, entre agents «actifs» et agents «dormants» et une préparation d'entre six mois à un an. Bien qu'aucun résultat concret et définitif n'ait été obtenu, on penche sérieusement vers la piste islamiste. Bien qu'il ait été plus judicieux de parler de pistes, au pluriel, au vu de l'autonomie et de la prolifération des groupes actifs, fondamentalistes et intégristes, dans la périphérie américaine. Les arrestations opérées dans les milieux de la mouvance islamiste restent révélatrices à ce sujet. Aux Philippines, d'importantes arrestations ont été signalées dans un hôtel de Manille, celui-là même qui a abrité Abdul Hakim Murad, un proche de Ben Laden, et qui a été appréhendé en 1995, en raison de ses liens avec l'attentat, en 1993, du World Trade Center. En Allemagne, plusieurs personnes ont été appréhendées, à Francfort et à Hambourg, en possession de documents qui auraient des liens avec les attentats de mardi. Pour le moment, rien n'a encore filtré, mais on suppose que deux des pirates de l'air des avions-suicide auraient été en contact avec eux. Le FBI a lancé plusieurs appels aux polices européennes et arabes pour lui fournir des informations sur des suspects d'obédience islamiste. Mais c'est surtout sur le sol américain que les pistes sont de plus en plus nombreuses et de plus en plus précises. La voiture qui aurait servi au groupe des pirates de l'air du vol n°11 de l'American Airlines, a été retrouvée, et fait l'objet d'une analyse minutieuse. Deux écoles de pilotage, qui ont formé deux des personnes suspectées être parmi le groupe terroriste, ont été longuement questionnées. La maison louée par deux Qatariotes, faisant vraisemblablement partie des pirates de l'air, a été localisée et perquisitionnée. Ainsi qu'une multitude de menus détails, qui dans le temps, reconstitueraient l'ensemble du puzzle. Car l'enquête pourrait prendre plusieurs semaines, voire plusieurs mois. Le nom de Ben Laden, pressenti dès le premier moment de l'attaque, semble se confirmer de jour en jour. Ses réseaux, très importants à travers l'Europe et les Etats-Unis, plaident pour cette thèse. Les antécédents terroristes du milliardaire saoudien accentuent aussi la prééminence de cette piste. Le ressortissant franco-algérien arrêté il y a un mois, puis libéré, puis arrêté de nouveau, tout cela renseigne sur la complexité et la prédominance du réseau islamiste du GIA en Europe. L'affaire Ressam avait donné déjà un indice sur l'importance de ce réseau qui prévoyait lors du passage à l'an 2000, de faire sauter l'aéroport de Los Angeles et d'autres infrastructures-symboles des Etats-Unis. Rien qu'en France, 200 à 300 islamistes, actifs ou «dormants», seraient affiliés au GIA. En Angleterre, ce nombre se multiplie par deux. Tout comme en Allemagne, en Suède et en Hollande. Le nombre est moins important en Italie, en Belgique et en Suisse, mais les «connexions» restent encore très fortes. Autre point important: le fait même de l'attentat-suicide renseigne de façon évidente sur les procédés du djihad islamique. Cela s'est passé en Algérie, en Palestine... et risque encore de se reproduire à l'infini. Uue profonde réflexion doit, obligatoirement, aboutir à non pas seulement combattre le fléau, mais encore à extirper ses racines profondes et ses sources d'alimentation.