Dans les deux villes phares de l'Oranie, aux styles musicaux se disputant le terrain, Cheikh Sidi Bémol est venu semer la graine de son rythme répandu à Paris, dans l'Algérois et en Kabylie. Nul n'est prophète en son pays. Le proverbe s'applique à Cheikh Sidi Bémol en tournée en Algérie depuis le début de cette semaine et ce, à l'invitation du réseau du Centre culturel français en Algérie. «C'est vraiment le monde à l'envers et bizarre, nous sommes invités par des Français pour chanter dans notre pays», s'est exclamé Sidi Bémol avant d'annoncer son O.K. qu'il est prêt à répondre favorablement à la sollicitation de la ministre de la Culture. «Je chanterais toutes mes chansons si Khalida Toumi m'invite à chanter en Algérie», a-t-il affirmé. L'artiste n'est pas dépaysé malgré sa nostalgie qui, vraisemblablement, le terrasse dans la terre d'accueil, la France. Son dernier tube est un aveu concret de l'attachement de Sidi Bémol à ses origines. Ce dernier, tel qu''expliqué par le chanteur, est un retour aux sources. «Ma dernière oeuvre est un hommage à mon village originaire, Bouzeguène (wilaya de Tizi Ouzou Ndlr), à Alger ma ville natale et mes amis d'enfance.» C'est ce qu'a indiqué Cheikh Sidi Bémol à l'issue de son concert qu'il a donné, mardi soir, dans la capitale du raï, Oran. Une journée auparavant, le même artiste a franchi le cap dans une autre ville de l'Oranie, Tlemcen. Dans cette ville, l'andalou et le hawzi sont, pourtant, indétrônables. L'Oranie n'est plus la propriété privilégiée du raï ni moins du Hawzi ou encore de l'andalou. Sidi Bémol en a apporté la preuve vivante en drainant plus de 700 spectateurs dans chacun des concerts qu'il a donnés dans les deux citadelles, ceci en attendant la confirmation effective des deux derniers concerts de la tournée de ce défenseur des causes sociales. Le premier est prévu pour aujourd'hui à Constantine tandis que la clôture aura lieu le 07 du mois en cours à Béjaïa. Dans les deux villes phares de l'Oranie, aux styles musicaux se disputant le terrain, Cheikh Sidi Bémol est venu semer la première graine de son rythme très répandu en Europe, le centre de l'Algérie, mais notamment dans la Kabylie. Paris-Alger-Bouzeguène est la dernière oeuvre qui se veut être un retour aux sources dans lequel l'artiste a mis en évidence autant de valeurs sociales. Cette dernière est comme ses précédents tubes dans lesquels la musique rythmée et le verbe cocasse constituent les éléments principaux d'un style mélangé. «Je chante la Khalouta tout comme l'Algérie», a-t-il ironisé. Sidi Bémol ajoutant que son style se situe au milieu de la musique algérienne figée. Ce sont là les premières appréciations du chanteur qui a forgé son destin depuis le tube d'«El Bandi», le bandit. Cheikh Sidi Bémol ne chante pas pour chanter. Pour l'artiste, la chanson est, à la fois, une thérapie et un appel au bien-être. «Vous êtes tous heureux? Vous êtes tous amoureux?», a-t-il clamé du haut du podium avant même d'attaquer son sujet. Les spectateurs répondent en choeur tout en exigeant la fameuse chanson intitulée «Makayen walou khir l'amour» qui veut dire «Y a pas mieux que l'amour». Et là, l'artiste, qui n'abdique pas aux pressions du public, se lance dans un air lyrique «Ahdrwoun Thairi» (Qu'ils ressassent l'amour) avant de passer au «Super Boudjeghlou, tu ne fais plus peur», «Hiya, Balad Tchina», «El Goumari» et tant d'autres chansons qui ont fait le succès de l'artiste. Pour sa part, le public oranais n'a pas été ingrat en accompagnant en choeur le chantre dans toute sa prestation.