Le centre des arts de Ryad El Feth accueillait, lundi soir, les amoureux de la musique jazz, blues, rock et gnawi à la salle Ibn Zeydoun. Au programme, un concert de Cheïkh Sidi Bémol et ce, dans le cadre des soirées de Ramadhan gnaoui, organisé, par As production. Les guichets ont été pris d'assaut par un public nombreux, venu acquérir les rares billets encore mis en vente. C'est donc dans une salle comble que la soirée débute avec tout d'abord le jeune groupe gnawi Smaïlia qui donnera le ton avec une fusion gnawi-rock, sa propre composition et deux morceaux du diwan, tels que Orbane qui furent très appréciés par le public. La soirée fut encore plus merveilleuse avec l'entrée sur scène de celui que tous les présents, les jeunes attendaient, sachant que sa dernière prestation à Alger remonte au printemps dernier Hocine Boukella, accompagné par Hichem son bassiste, Hervé son batteur, Khelif son guitariste, sans oublier Lamine qui veille au grain depuis la régie, retrouve son public. L'ambiance est survoltée dès les premières notes du cheikh, qui feront se lever une bonne partie du public, pour assaillir le petit espace improvisé pour la circonstance en piste de danse par tous les jeunes fans qui se laisseront porter par les rythmes et sonorités du jazz, rock, blues et gnawi dans ce style insaisissable que Cheikh Sidi Bémol a qualifié de « gourbi-rock ». Et se voulant chanteur populaire et engagé, Cheikh Sidi Bémol chante l'Algérien et ses maux, il chante l'amour avec makayen walou khir men l'amour , la pauvreté dans walou , l'aisance dans bnet el louxe, le prisonnier Ali el bandit , le vagabond de ghomari et plusieurs autres titres aussi cultes que les précédents, tels que le morceau de blues blues bouzenzel. Une complicité et une osmose magnifique régnaient entre l'artiste et son public et cela n'est pas seulement dû à sa musique, mais aussi au jeu de scène auquel se prêtait la troupe. En effet, des duels musicaux, devenus incontournables dans ses concerts, opposaient tantôt Cheikh Sidi Bémol à son guitariste Khlif puis à Hichem son bassiste et encore le bassiste face à Hervé le batteur. Tous les quatre se laissent aller à de longs solos et à des improvisations hallucinantes, au plus grand bonheur des spectateurs. Après avoir fait vibrer les corps et les cœurs pendant un peu plus de deux heures, le public retiendra l'artiste pour deux autres chansons pour l'apothéose de la soirée. La troupe sera longuement ovationnée par le fidèle public, totalement satisfait par un concert qui en appelle d'autres.