Onze titres pour un album frais, pétillant et d'une grande originalité. Cheikh Sidi Bémol propose avec ParisAlger Bouzeguène, une fusion inattendue et non-conformiste entre la musique celte et berbère. ParisAlger Bouzeguène est le septième album du routard de la musique, inclassable de surcroît, Cheikh Sidi Bémol, qui marque une transition et une rupture à chaque nouvel opus, par rapport à celui qui l'a précédé. Entre tradition et modernité, hier et aujourd'hui, authenticité et quête de nouvelles sonorités, enracinement et changement, Cheikh Sidi Bémol est le poète de l'entre-deux. Entre deux mondes. Dans AlgerParis Bouzeguène, il met tout son talent au service d'un opus de onze titres avec des sonorités berbères et des résonances celtes. Cette fusion improbable entre les deux styles, aux antipodes l'un de l'autre, offre, au final, un album festif, entraînant, chaleureux, original et non dépourvu de profondeur. Les textes de Cheikh Sidi Bémol semblent, au premier abord, légers. Toutefois, si on tend l'oreille et qu'on cherche le sens caché des paroles, on s'aperçoit que le verbe haut et ironique de Cheikh Sid Bémol masque la désillusion. Car l'humour est important dans une œuvre artistique, mais lorsque toute l'œuvre est fondée sur l'humour et l'ironie, alors, le malaise et le mécontentement ne sont pas très loin. Lors d'une rencontre conviviale, avant-hier après-midi à l'espace Noun, le Cheikh, au verbe mordant et aux sonorités originales puisés, a dédicacé son album et interprété quelques-uns de ses célèbres titres, notamment le dérangeant Saâdiya, l'emblématique El Bandi et le remuant Walou. En fait, la discographie de Cheikh Sidi Bémol est impressionnante, tant par son nombre que par la diversité musicale. Son premier opus sort en 1998, puis suivront d'autres albums, frais et originaux, notamment le très grand succès El Bandi en 2003, qui installe Cheikh Sidi Bémol comme un maître dans l'art de la fusion musicale. En 2007, Cheikh Sidi Bémol propose à ses fans Gourbi Rock, avant de signer le générique de fin, en 2008, du film Mascarades, de Lyes Salem, avec le titre Ma kayen walou kima l'amour. En outre, la véritable force de l'album ParisAlger Bouzeguène, ce sont les sonorités. Une union inattendue entre la musique celte et celle berbère. Un voyage dans les sons en quête – peut-être – d'un sens à ce qui semble un non-sens. Le Cheikh unit, réunit et rassemble autour de la musique des univers différents et des conceptions différentes du monde. Il rejette le conformisme et opte pour l'originalité avec des titres comme Swa Swa, où la fusion berbéro-celtique atteint les cimes de la beauté, ou encore Sahara, qui joint les musiques du désert à ceux de la Bretagne, avec, au départ, une intro-rock. Oussan, le titre qui ouvre l'album, est à caractère méditatif et sobre. Une chanson qui permet à Cheikh Sidi Bémol de montrer toutes ses capacités et autres aptitudes vocales. Hocine Boukella, Sidi Bémol pour les initiés, et Cheikh pour les intimes, a travaillé avec un grand nombre de musiciens membres du collectif Louzine, notamment son frère, le grand bassiste et fondateur de l'Orchestre national de Barbès, Youcef Boukella, ou encore le guitariste Khliff Miziallaoua, le talentueux batteur, Karim Ziad, Abdennour Djemaï, et Karim Branis qui a, entre autres, signé un duo avec lui sur la chanson Boudjeghlelou. ParisAlger Bouzeguène est un album qui se savoure et s'écoute dans les moments de joie et même de peine, parce qu'il procure pêche et énergie et (re)donne le sourire à celui qui l'écoute. À consommer sans modération aucune. *ParisAlger Bouzeguène, de Cheikh Sidi Bémol, Belda diffusion, Algérie 2010, 200 DA