Cet album est une randonnée sentimentale et musicale à s'offrir pour un printemps à… plein temps. Le septième CD de Cheikh Sidi Bémol est un mélange de styles sillonnant le monde à travers la langue universelle qu'est la musique. Tout résonne de chant et de mélodie chez le Cheikh. Une poésie gesticulante qui s'habille en musique berbéro-celtique dans un enjeu d'intégration très construit et travaillé correctement par l'artiste. Même si la chanson a le thème musical écossais, Sidi Bémol réussit à dépoussiérer le terroir en lui donnant une luisante touche moderne, donc un redéploiement universel. Par ailleurs, la façon dont sera traité le produit Paris-Alger-Bouzeguène n'est pas ordinaire, une finesse qui rassemble des gammes et des rythmes du même élan que le groupe cofondé de “Thalweg”. D'aucuns se demandent pourquoi, cette fois, la majorité des chansons est en langue maternelle. Est-ce une façon de rendre hommage à la maman qui servira l'artiste, notamment par la transmission d'un patrimoine culturel en voie de disparition ? Même si pour Hocine, l'hommage va plutôt à l'endroit paternel. Il y a certes une inversion de la trajectoire, comme pour stopper le mouvement harga, en démarrant de Paris, ville d'accueil, passant par Alger, ville natale, avant d'arriver à Bouzeguène, ses origines. Un air de fête avec lbumba, Zzin ouferroudj (la bombe, beauté de perdreau). Travailler avec de grands artistes comme Karim Ziad, Karim Abranis, entre autres, ne pourrait qu'ajouter au capital. Cette fois, on aura droit à plus de chansons d'amour en constante fidélité au style de Cheikh Sidi Bémol. Boujeghlellou (l'escargot) est un chef-d'œuvre réussi avec l'infatigable rocker, Karim Abranis. L'entêtement à s'asseoir sur le trône, au détriment des sans sièges… Ce qui fait penser à la citation de Montaigne qui dit : “Sur le plus beau trône du monde, on n'est jamais assis que sur son c !” Mais tant pis ! Malgré le nomadisme de Hocine Boukella, Cheikh Sidi Bémol ne s'est pas détaché du monde de ses origines. L'histoire par extension nous fait remémorer le “retour” chez Feraoun, sans autre bagage que la musique et la chaleur d'être proche des siens. Timimoun, une ville du Sud, qui nous baigne dans la magie et la féérie du désert, inspire le chanteur musicien. Une musique retravaillée encore une fois, une manière qui projette et transcende les frontières et l'immensité du désert. Gourar, Gourara est plus qu'un chant, c'est un reportage ou plutôt un récit de voyage en formule magique. Le rêve du Sud toujours recommencé. La septième œuvre de Cheikh Sidi Bémol est simplement un mélange de parlers. Le Béjaoui, donnera à l'album un scoop dans ce louange à l'amour et à la beauté de la femme. La sonorité des mots simples et sincères ne trompe jamais sur les sentiments. Paris-Alger-Bouzeguène, une œuvre à écouter incessamment. Une richesse à la chanson qu'on dit souvent en régression ! Une randonnée sentimentale et musicale à s'offrir pour un printemps à… plein temps. Paris-Alger-Bouzeguène de Cheikh Sidi Bémol, Belda diffusion, Algérie 2010, 200 DA.