Du 29 mai au 4 juin, la Maison de la culture Taous-Amrouche de Béjaïa renouera avec le traditionnel événement cinématographique de l'année. Le cinéma, miroir de nos sociétés, devient essentiel quand il apporte dans sa valise des témoignages de notre culture et son développement. Par bribes, ici et là, les caractéristiques de l'être humain plongé dans son temps sont épluchées et disséquées sous l'oeil de la caméra. De l'histoire avec un grand H, de nos comportements les plus banals, comme faire la cuisine, notre rapport avec l'autre, ou avec Dieu, tout cela traduit qui nous sommes et donne une meilleure vision de l'homme grâce au pouvoir de la caméra. Chaque année, les rencontres cinématographiques reviennent, sans grande pompe ni fioriture, mais mu par la bonne conviction de faire partager des idées et susciter le dialogue entre des personnes d'ici et d'ailleurs. Car les rencon-tres de Béjaïa, c'est avant tout des films, des débats et de la réflexion. Comme chaque année, le programme ciné se veut riche et diversifié. L'ouverture qui se tiendra en soirée présentera en avant-première algérienne le nouveau court métrage de Mounès Khemmar, fraîchement débarqué au Festival de Cannes. Ce film court figure en ce moment parmi les 10 finalistes de la sélection du 6e concours de l'Office national du film du Canada (ONF), organisé en association avec le Short Film Corner du Festival de Cannes. Les dix finalistes ont été retenus à la suite d'une première sélection de 1600 courts métrages. Les internautes jouent le rôle de jury. 10 courts métrages sont diffusés sur Youtube depuis le 4 mai jusqu'au 17 mai, leur offrant ainsi la possibilité de vote. C'est en cliquant sur la case «j'aime» que vous pourriez faire gagner Mounès Khemmar. Alors, n'hésitez pas! Le Dernier passager, d'une durée de sept minutes, raconte l'histoire d'un «jeune artiste frustré», interprété par Mohamed Bouchaïb, qui décide de mettre fin à ses jours. «Son âme, avant de disparaître à jamais, revient rendre une dernière visite à ses deux amours impossibles: sa bien-aimée, interprétée par Zahra Harket et une scène du théâtre où il avait travaillé comme homme à tout faire». Lyrique, tendre et éblouissant est ce court métrage qui précèdera la projection du long métrage Le voyage d'Alger de Abdelkrim Bahloul. Une histoire tirée de la vie réelle du réalisateur. Le lendemain, place au premier programme de courts métrages. L'après-midi sera projeté le docu Aziz Chouaki ou Le Serment des oranges, réalisé avec zéro dinars par le jeune Lamine Ammar Khodja. Comme son titre l'indique, il s'agit d'un portrait du poète, écrivain, journaliste et dramaturge Aziz Chouaki. Il sera suivi par le tout nouveau documentaire Algérie, De Gaulle et la bombe de Larbi Benchiha qui revient sur les essais nucléaires français dans le Sahara algérien. En soirée sera projeté Z'har, le film intimiste de Fatma Zohra Zamoum. Le lendemain, place à une Carte blanche au jeune cinéma marocain de l' Ecole supérieure des arts visuels de Marrakech et la cinémathèque de Tanger. Une occasion de faire connaissance avec la création de nos amis voisins marocains. Restons avec le Maroc: l'après-midi sera consacré à la projection du superbe et émouvant documentaire J'ai tant aimé de Dalia Ennadre, distingué entre les autres au JCC 2008. Ce n'est pas fortuit si les deux films de la soirée porteront sur l'univers de l'enfance, a fortiori féminine. D'abord à travers le nouveau court métrage de Yasmine Chouikh, El Djinn (présent actuellement au Short Film Corner à Cannes) puis La Robe du soir (Fr), long métrage de Myriam Aziza. Un premier film sensible sur les affres d'une adolescente de 12 ans...Le lendemain, place à une table ronde spéciale critique cinématographe suivie de la projection du documentaire La Cuisine en héritage (Fr) de Mounia Meddour (la fille de Azzedine Meddour). Ce film met en lumière le travail de recueil et de transmission du savoir-faire culinaire à travers le quotidien de mères de famille, cuisinières traditionnelles et dadas - esclaves domestiques, devenues les dépositaires d'un trésor inestimable et savoureux au Maroc. Une Carte blanche au magazine Court Circuit Arte présentée par Hélène Veyssieres sera donnée en soirée. Fantaisie et découverte en perspective! Mercredi 2 juin, après le deuxième programme spécial courts métrage, Project'heurts vous convie à la projection du documentaire tunisien Un Conte de faits de Hicham Benammar (kène ya ma kène fi hadha ezzamène) où il est narré l'aventure d'un jeune adolescent tunisien qui excelle dans le jeu du violon. La soirée nous plongera de plain-pied dans l'actualité qui fait rage en ce moment de l'autre côté de la mer. Avec le documentaire Musulmans de France (Fr) de Karim Miské, le débat promet d'être riche en rebondissements. Après une série de courts métrages, place dans l'après-midi à deux documentaires Extérieur rue de Anne Closset et Carmen Blanco et Vent de sable, femmes de roc de Nathalie Borgers. En soirée, le public bougiote sera convié à la projection de Les Barons, le premier long métrage du jeune Bruxellois, Nabil Ben Yadir. Le réalisateur traite d'un sujet qu'il connaît bien: le quotidien de jeunes émigrés maghrébins vivant à Molenbeek. Le 4 juin prochain, journée de clôture des rencontres cinématographiques de Béjaïa, sera consacré un hommage à Azzedine Meddour, par sa fille, via la projection de deux de ses films, à savoir H'na fi h'na et Douleurs muettes. L'hommage sera précédé du court métrage La Corde (Alg) de Omar Zamoum dont le scénario a été peaufiné dans le cadre de l'atelier Côté Courts qu'organise l'association Project'heurts depuis trois ans. Cette année encore, dans une ambiance studieuse, quatre jeunes cinéastes algériens seront amenés à retravailler leur projet scénaristique dans un cadre professionnel, parrainé par le réalisateur et vidéaste, Tariq Teguia.