L'affaire, qui remonte à une vingtaine d'années, a été dévoilée par Newsweek dans sa dernière édition. Les sorties intempestives des dirigeants américains, visant à impliquer l'Irak dans les activités terroristes d'Al-Qaîda en vue de justifier le putsch qui y est projeté contre Saddam Hussein, ont coïncidé avec de très graves révélations faites sur les agissements US dans cette région durant les années 80. Le journal américain Neewsweek, dans son édition d'hier, se basant sur des documents accablants et inédits, révèle: «Dans les années 80, quand l'Irak était en guerre avec l'Iran, les Etats-Unis ont décidé de l'aider et ont commencé à fournir au dictateur Saddam Hussein des ressources et matériels militaires, y compris des cargaisons de ‘‘bactéries/champignons/protozoaires'' à la Commission irakienne à l'énergie atomique (Iaec).» En ce temps, les intérêts stratégiques et pétroliers des Américains faisaient pencher la balance en faveur du «dictateur» Saddam en guerre contre le Péril vert, celui de l'islamisme chiite. La révélation est d'autant plus plausible que c'est à cette époque que la Perestroïka de Gorbatchev avait commencé, mettant fin à des décennies de guerre froide et de péril rouge jamais clairement défini. Les Américains, particulièrement pragmatiques dans leurs actions et choix de leurs alliés, avaient pourtant aidé, quelques années auparavant, le régime des mollahs iraniens à renverser le chah et à installer l'ayatollah Khomeyni. Il en était de même, durant les années 80, pour les «moudjahidine» afghans se battant contre le grand Satan rouge qu'était l'Union soviétique. D'ultimes révélations, faites par des responsables de différents services secrets mondiaux, ont précisé que les responsables américains, après avoir aidé les taliban à prendre le pouvoir et aidé Al-Qaîda à entraîner et à armer ses activistes, sont restés en contact et en négociation avec eux jusqu'à quelques jours à peine avant les attaques d'octobre 2001 menées contre l'Afghanistan. Ces produits pourraient permettre aujourd'hui de produire des armes biologiques, notamment le bacille du charbon, selon d'anciens responsables interrogés par Newsweek. Aujourd'hui, «la plus grande inquiétude» de l'Administration Bush réside dans ce que Saddam Hussein pourrait faire de ses armes de destruction massive, selon un haut responsable américain actuellement en poste cité par le journal US. L'ami d'hier est donc devenu l'ennemi numéro un à abattre, la principale tête pensante de «l'axe du mal» dans les «croisades» de Bush. Pour ce faire, les USA n'hésitent pas, sans preuve aucune, à établir un lien plus que douteux (lire l'article de Mohamed Derar) entre le régime baâthiste irakien et les terroristes islamistes de l'organisation secrète d'Oussama Ben Laden. «Saddam pourrait essayer le chantage, menacer de répandre la variole ou un autre virus abominable dans une ville américaine en cas d'invasion des forces américaines (...) ou il pourrait asperger d'armes chimiques les forces américaines ou bien remettre ses armes chimiques aux terroristes», poursuit l'hebdomadaire décrivant par le menu détail les scénarios les plus sombres pris en compte et étudiés par les responsables américains. La responsabilité américaine dans la possible existence de ces armes n'a jamais été mise en exergue même si un Irakgate semble pointer à l'horizon, plus accablant encore que le fameux Irangate de 85. Personne, à commencer par les Américains, n'avait eu l'idée de dénoncer l'utilisation de ces armes classées non conventionnelles dans la guerre contre l'Iran, mais aussi contre le peuple kurde, de même que personne ne trouvait matière à redire sur les dépassements horribles commis par le régime des taliban avant les attentats du 11 septembre. Qui veut noyer son chien l'accuse de la rage. Saddam, qui n'arrange plus les intérêts US dans la région moyen-orientale, devra céder son trône. Les raisons pécuniaires et géostratégiques sont aussi impénétrables que les voies du Seigneur. Les arguments brandis, pour ce faire, ne seront que vulgaires accessoires.