Comme chaque année, depuis l'ouverture démocratique, le paisible cimetière chrétien de Diar Essâada a accueilli, ce 5 juin à 10 heures du matin, une foule nombreuse venue rendre un hommage solennel et appuyé au militant communiste Henri Maillot dont le geste le plus spectaculaire fut d'avoir détourné un camion d'armes et de munitions au profit du maquis naissant de la région d'Ech Chlef. C'est autour d'Yvette, sa soeur et d'Annie Steiner, que s'est formé un imposant cortège composé des anciens militants du PCA, de syndicalistes, d'hommes politiques du 1er Novembre comme Mustapha Fettal ou M. Boudina, sénateur et représentant de l'Association des anciens condamnés à mort. Des inconditionnels comme Collosi, ancien compagnon d'Yveton, l'Argentin ou Campora, camarade de Maillot ont répondu à l'appel de la fidélité. Des couronnes de fleurs portées par les représentants de la kasma du FLN ont donné à cette cérémonie une dimension nationale qui illustre certainement celle du combat du martyr: la dernière lettre émouvante (plus que celle de Guy Mocquet)adressée par Maillot à une opinion française mal informée, a été lue par l'organisateur de la cérémonie pour donner une idée de l'osmose qui existait en ce temps-là entre les travailleurs conscients de toutes les communautés. Une déclaration vibrante de M.Boudina sur les projets d‘actions pour réhabiliter la mémoire des martyrs a été chaleureusement applaudie. Mais, l'intervention la plus remarquable fut celle du représentant de l'Association «Emir Abd El-Kader» qui a souligné la communauté de combat de celui qui fut le fondateur de l'Etat algérien avec le fils d'ouvrier du Clos-Salembier tout comme il a souligné leurs qualités communes d'esprit d'ouverture et de tolérance. Le Responsable de l'Association Emir Abd-El Kader eut le geste élégant d'offrir quelques oeuvres de l'Emir à une Yvette Maillot émue. Des voix se sont élevées dans la foule compacte pour qu'une rue, une place ou un lycée porte le nom d'Henri Maillot. La Télévision algérienne a couvert l'évènement comme il se doit.