Six familles ont échappé in extremis à une mort certaine suite à l'effondrement de leurs maisons. Une maison s'est effondrée la semaine dernière en fin d'après-midi à Bouira. L'événement a eu lieu au moment où une entreprise se chargeait de réaliser le nouveau siège de l'inspection des impôts, dans l'ancienne ville. Constatant des fissures de plus en plus importantes sur l'un des murs de la bâtisse vétuste qui côtoie le chantier, l'entrepreneur a décidé l'arrêt des travaux et demandé aux occupants de quitter leurs maisons, alors que les ouvriers se sont attelés à renforcer, par un coffrage, la structure. Les six familles à peine sorties, un pan entier de la première bâtisse a lâché. Le chantier, qui a fragilisé les alentours de la place des Martyrs où résident plusieurs familles depuis des décennies, s'inscrit dans le programme de réhabilitation et de rénovation du chef-lieu. L'ancienne inspection des impôts a été détruite pour la réalisation d'une recette plus moderne qui garantit des conditions d'accueil aux milliers de citoyens qui s'y rendaient quotidiennement. Cette vigilance de l'entrepreneur a évité une catastrophe certaine et l'accident qui n'a heureusement, fait aucune victime, vient poser avec acuité le problème des anciennes habitations de l'antique Bouira. Ainsi, des milliers de familles louent auprès de privés et résident dans des «haouchs», où les conditions élémentaires d'hygiène et de sécurité sont souvent inexistantes. Malgré les multiples réunions et les diverses propositions faites aux propriétaires pour rénover leurs habitations les choses demeurent au point mort. Le wali, qui avait réuni à maintes reprises toutes les parties concernées par le programme de rénovation, se retrouve toujours en face de propriétaires qui veulent tirer le plus grand profit de cette situation. Le relogement des actuels occupants reste le point de discorde entre les pouvoirs publics et les bailleurs. Pour les commerces, qui se trouvent le long des avenues, le problème est moindre, suite à la décision de l'administration de ne plus renouveler les registres. De plus, les propriétaires doivent céder les six mètres de servitude pour l'élargissement des voies. Aussi, cet accident qui engage directement la responsabilité des bailleurs qui louent des «habitations menaçant ruine», incitera les autres à réfléchir et à adhérer peut-être à l'une des formules proposées à savoir, vendre le terrain à l'administration, réaliser la rénovation par un autofinancement ou s'associer en partenariat avec des promoteurs. La vie des citoyens et leur sécurité est du ressort des pouvoirs publics. C'est cette obligation qui a poussé l'administration à désigner un bureau d'étude, pour expertiser les constructions et les classer en unités habitables (vert), en unités à réhabiliter (orange) et unités à démolir (rouge). L'accident de la place des Martyrs où le premier responsable s'est rendu juste après l'annonce, est un avertissement et une preuve que la situation urge.