Dame nature continue de faire des victimes et le bilan des pertes humaines et matérielles s'alourdit de jour en jour. Ce week-end encore, les pluies diluviennes ont causé la mort de trois personnes à Aïn Defla et provoqué des infiltrations d'eau, engendrant des effondrements d'habitations précaires. Les trois personnes décédées, jeudi, étaient membres d'une même famille résidant à la bocaa Tagrout (commune Mekhatria), leur maison s'est effondrée suite aux fortes chutes de pluie.Le constat est pratiquement le même dans l'ensemble des wilayas du pays, effondrement d'habitations, infiltrations d'eau, routes inondées et fissurées, tel est le spectacle affiché depuis plus d'une semaine dans plusieurs quartiers de la capitale et autres coins du pays. La capitale : routes coupées et effondrements d'habitations précaires Dans la capitale, le plafond de l'entrée principale du lycée Emir-Abdelkader à Bab El-Oued s'est partiellement effondré, alors que l'intérieur de la station électrique de Sonelgaz située à Baraki a été inondé. La cité "Les chalets" (commune de Bordj El-Bahri) ainsi que la rue Tripoli (Hussein Dey) ont été affectées par les précipitations. Cinq baraques dans la cité Maya d'Hussein Dey se sont effondrées, sans enregistrer de pertes humaines. Le débordement de l'oued de Béni Messous a causé l'inondation de plusieurs habitations précaires, dont une s'est effondrée. A Zéralda, 55 familles ont été évacuées en raison du débordement de l'oued Mazafran vers Khelloufi, alors que dix baraques ont été inondées suite au débordement de l'oued Réghaïa. Les précipitations ont inondé des habitations précaires situées à côté de la plage Kheloufi 2 (Zeralda) où l'eau est montée jusqu'à 80 cm. Un centre de vote à El-Hamiz et un autre à Dergana ont subi des infiltrations des eaux pluviales. Les fortes chutes de pluie ont occasionné des inondations au niveau du quartier Camp nord, à Dar El-Beida, alors que les glissements de terrain ont provoqué des fissures dans sept maisons dans l'avenue Mustapha-Serir à El-Madania. Par ailleurs, les unités de la Protection civile sont intervenues au centre d'hémodialyse de Rouiba, suite à une inondation, mais aucun dégât n'a été enregistré grâce à l'intervention rapide des pompiers. Dans la wilaya de Tipasa, le débordement de oued Hammaïdia à Cherchell a causé une inondation à l'intérieur de la cité Abane-Ramdane, affectant trois familles. Un effondrement partiel d'une habitation précaire provoqué par le débordement de oued El-Karmoud, dans la commune de Sidi Ghiles, a été également constaté, selon les services de la Protection civile qui indiquent que 1 200 agents ont été mobilisés dans le cadre des opérations de secours. A noter que de 8h à 13h, les plus importantes inondations enregistrées par les services de la Protection civile de la wilaya d'Alger ont touché des chalets à Bordj El-Bahri et des maisons dans l'avenue de Tripoli. Plusieurs ponts effondrés à Alger et ses environs Pour ce qui de la circulation routière et les dégâts causés par la pluie au niveau des infrastructures routières, la Gendarmerie nationale avait indiqué dans un point de situation que des routes nationales et chemins de wilayas étaient coupés à la circulation suite aux fortes chutes de pluie. Dans la wilaya d'Alger, la route nationale reliant Aïn Bénian à Staoueli, à hauteur du pont de oued Béni Messous, demeure coupée à la circulation en raison de l'effondrement du pont. Dans la wilaya de Boumerdès, la même source a indiqué que la circulation sur la route nationale reliant Boumerdès à Tizi Ouzou au niveau du centre de Dellys et à la sortie Est de la ville, en direction de Tigzirt, était coupée suite à l'effondrement des ponts de Medjeni et de oued Tiza. Dans cette même wilaya, la Gendarmerie nationale a signalé que le chemin de wilaya, reliant les communes de Ben Chaoud et Dellys au lieudit Lasas, était coupé à la circulation suite à l'inondation de la chaussée. Dans la wilaya de Tizi Ouzou, les routes nationales reliant Boumerdès à Tizi Ouzou à hauteur du village Mazer (commune de Mizrana) et au lieu-dit Kaf Laagab (commune de Tadmait) étaient fermées à la circulation à cause de l'effondrement du pont de Mazer et l'inondation de la chaussée. Pour la wilaya de Chlef, la Gendarmerie nationale a indiqué que la route nationale, reliant Chlef à Tipasa au lieudit Zeboudjet Allal (commune de Béni Haoua) était coupée à la circulation pour glissement de terrain. Dans la wilaya d'Aïn Defla, la même source a précisé que la route nationale reliant Aïn Defla à Tipasa à hauteur de la bocaa Ouled Zitoune, était fermée au trafic routier. Les chemins de wilaya, reliant les communes de Djelida à Bordj Emir Khaled à hauteur du pont oued Kherraza, les communes d'El-Mayene et El-Attef à hauteur de la bocaa Kerama et les communes d'Arib et Aïn-Defla à hauteur du pont de oued Lessoued, étaient, également, coupés à la circulation pour débordement des oueds Zitoune, Kherraza et Lessoued. La DTP d'Alger rassure : “les ouvrages d'art ne présentent aucun risque” Les ouvrages d'art, notamment les ponts que compte la wilaya d'Alger, "ne présentent aucun risque d'affaissement ni d'effondrement", selon MM. Khorchi Mouloud et Mokhtari Youcef, respectivement chef du service et chef du bureau du développement des infrastructures de base à la direction des travaux publics de la wilaya d'Alger. La wilaya d'Alger compte 222 ponts dont 176 de passage sur des routes nationales, 37 sur des chemins de wilaya et neuf sur des chemins communaux et vicinaux, auxquels s'ajoutent une quinzaine d'ouvrages nouveaux réalisés ces deux dernières années. L'entretien et le contrôle de l'état d'exploitation des ouvrages d'art se font au cours de l'année et un programme de réhabilitation a été arrêté pour six ouvrages à Alger, dont deux à Tafourah, un à Oued Kniss, un sur le Front de mer de Bologhine, celui de Chassériau et le pont de l'immeuble Krim-Belkacem, ont-ils ajouté. Outre ces ouvrages retenus pour subir des actions de réhabilitation, indiquent ces responsables, un programme d'expertise est également en cours, en plus des contrôles et visites qui s'effectuent tout au long de l'année sur l'ensemble du patrimoine dont une bonne partie est très ancienne, réalisée en maçonnerie particulièrement sur la route nationale numéro onze (RN 11) et qui retiennent l'attention des techniciens du secteur. Cependant, note-t-on, les ouvrages d'art subissent les effets et actions de leur environnement et des riverains et donc pourraient perdre de leur solidité. M. Khorchi a souligné qu'hormis le pont qui sert de franchissement de la voie ferrée, et menant vers Baraki entre la route nationale 38 (RN 38) et le chemin de wilaya 14 (CW 14) qui se trouve être "le seul ouvrage nécessitant réhabilitation et prise en charge technique", aucun autre ouvrage d'art de la wilaya d'Alger ne présente de danger d'affaissement ou d'effondrement. S'agissant du pont de oued Béni Messous qui s'est affaissé dimanche dernier, les responsables de la DTP soulignent que cet ouvrage de substitution "avait été réalisé en trois semaines pour l'urgence du moment". Ce pont répondait en décembre 2001, date de sa réception, surtout au souci des autorités de rétablir la circulation sur la route nationale numéro onze (RN 11) eu égard à la demande en la matière pour la poursuite des travaux menés et des actions initiées au lendemain des inondations de Bab El-Oued, selon les mêmes responsables. Ce pont "pouvait résister un siècle s'il n'y avait pas eu les intempéries du 25 novembre et surtout les facteurs exogènes qui ont causé son affaissement", ont noté les responsables de la DTP d'Alger, remarquant dans ce contexte que "la disparition des affouillements a été à l'origine de la déstabilisation de l'ouvrage qui n'avait aucun problème sur le plan de la structure". "Le non-respect et le dépassement du tonnage des véhicules et engins en circulation, les déviations du lit de l'oued, les charriages divers des eaux et autres constructions en amont seraient parmi les causes de sa déstabilisation", a-t-on précisé. Les responsables de la DTP de la wilaya d'Alger précisent que le pont enjambant l'oued Beni Messous réalisé en décembre 2001 "provisoirement" devait être remplacé au même titre que l'ensemble des ouvrages construits en maçonnerie, et ce dans le cadre d'une étude globale de modernisation de la route nationale numéro onze (RN 11). Cette étude a été entamée juste après les inondations de Bab El-Oued pour la modernisation de cet axe routier et son branchement avec les axes express, la route nationale numéro "une" (RN 1), et la RN 36 menant vers Tessala El-Merdja. Selon M. Khorchi, ces études sont achevées et certains travaux ont même été lancés, tels les projets partant de la trémie de Club des pins vers les Dunes et vers Aïn Bénian. "Le pont enjambant l'oued Béni Messous sera reconstruit en deux fois deux voies par deux entreprises nationales en l'espace de trois mois. La première voie qui sera ouverte servira aux usagers de la RN 11, en attendant la modernisation de cet axe pour la deuxième voie", a conclu le même responsable. Pour rappel, un bulletin météorologique spécial a annoncé jeudi que d'importantes chutes de pluie, parfois sous forme d'averses orageuses, continueront d'affecter jusqu'à vendredi hier les régions côtières et proches côtières du pays. Il faut noter aussi que les services de la Protection civile ont procédé depuis le début des intempéries à 620 interventions dont 59 dans la seule journée de jeudi, suite à 42 inondations, cinq effondrements, six dangers d'effondrement et deux glissements de terrain. Nassima Bensalem / Agence