«I have a dream», c'est la phrase prononcée par Martin Luther King, militant non violent des droits civiques des Noirs aux USA, qui est aujourd'hui sur toutes les lèvres des Algériens. La prophétie aura-t-elle lieu? L'Algérie viendra-t-elle, demain à Cape Town, à bout de la coriace équipe d'Angleterre? Après l'amère déception et désillusion laissée par la défaite contre la modeste Slovénie par la plus petite des marges, c'est l'espoir que nourrissent les 35 millions d'Algériens. «On a des qualités à faire valoir (...). On va poser des problèmes aux Anglais. On sera plus ambitieux et c'est un rôle qui nous convient mieux.» a déclaré le nouveau capitaine des Fennecs, Antar Yahia. «Nous pouvons battre l'Angleterre...» réplique le tout nouveau capé et talentueux Ryad Boudebouz. Un rêve des plus fous dont ne peut se passer le plus pessimiste des amoureux de l'EN. Les pronostics vont bon train: «2 buts à 1 en faveur de l'Algérie», nous souffle Salim, 1-0 c'est l'issue de la rencontre que prévoit Mustapha, toujours en faveur des camarades de Karim Ziani. Hocine renchérit dans le feu des débats et nous assure que la victoire sera plus large: «2 à 0 pour les Fennecs Incha Allah»...Les blessures semblent être pansées et les supporters de l'Equipe nationale font corps autour de leurs idoles, de ceux qui les ont fait rêver pendant les éliminatoires jumelées de la CAN et du Mondial 2010. Un parcours du combattant, qui leur a valu le surnom de «Guerriers du désert». Une compétition d'où ils sont sortis victorieux après avoir terrassé les «Pharaons» dans une pathétique triple confrontation qui les a fait entrer dans la légende et leur a ouvert les portes de l'Afrique du Sud. Le rêve s'est transformé en réalité: l'équipe d'Algérie fait partie du gotha du football mondial. Seulement voilà, ses fans en veulent plus. Leurs chouchous ne sont pas arrivés à ce stade du plus grand tournoi de football au monde pour faire de la figuration. Servir de faire-valoir, de sparing partner ou faire carrément carpette. L'Algérien n'a pas cette réputation. C'est un lion qui rugit lorsqu'il est blessé...et c'est dans ces moments de grande souffrance, quand on a l'impression qu'il est à terre, terrassé qu'il sait réagir le mieux. En effet, combien de spécialistes avaient pensé que tout était fichu après la défaite concédée contre les Egyptiens 2-0 lors du match retour pour le compte des éliminatoires de la Coupe du Monde 2010 qui a eu lieu le 14 novembre dernier au Caire. Dans une troisième manche mémorable qui figurera sans aucun doute dans l'histoire et les annales du ballon rond algérien, les coéquipiers de Antar Yahia, qui lui aussi est entré, d'ores et déjà, dans la légende en inscrivant un but rageur de toute beauté qui a propulsé tout un peuple vers un bonheur indescriptible, s'étaient transformés en de redoutables compétiteurs. Le 18 novembre 2010 à Oum Doumrane au Soudan, ils ont mis 11 redoutables Egyptiens à terre. Ils ont terrassé des Pharaons qui se sont crus invincibles. Cela a provoqué une crise diplomatique sans précédent entre Alger et Le Caire et des relations exécrables entre les deux pays qui demeurent toujours tendues aujourd'hui. Les Egyptiens ont été de mauvais perdants. Rabah Saâdane et sa troupe se sont métamorphosés en de magnifiques gladiateurs qui ont conquis le coeur des Algériennes et des Algériens. Une fierté retrouvée après 24 ans de disette et surtout après la tragédie nationale qui a mis l'Algérie au ban du concert des nations. Que demande le peuple aujourd'hui? Tout simplement que cette belle aventure continue. Karim Ziani, Antar Yahia, Bougherra, Belhadj, Matmour...et toute la génération montante de footballeurs à l'instar de Ryad Boudebouz, Djamel Abdoun... sont et figurent parmi les meilleurs ambassadeurs de cette Algérie qui est en devenir. Le coeur de tout un peuple, de plus de 35 millions d'Algériens, battra à l'unisson demain pour que le rêve devienne réalité.