D'une éducation exemplaire, Cheb Réda exprime ce que ressentent ses fans et s'interdit d'appeler à la consommation de la drogue et de l'alcool ni faire l'apologie de l'émigration clandestine. «Mon troisième ouvrage comprend des chansons rythmées de styles marocain et kabyle tandis que l'édition de mes deux premiers albums aura lieu lorsque la chanson kabyle se remettra sur pieds.» Ce sont là les propos acerbes de Cirta, Nadia de son vrai nom, qui a déploré la chute libre de la chanson kabyle imputant ce fait aux éditeurs. La musique raï et la chanson kabyle semblent faire cause commune ces dernières années. Tout porte à croire au vu des prestations données, lundi soir au Théâtre de verdure, par Cirta, cheba Dalila et cheb Réda qui ont offert, chacun, des plateaux réussis tant sur le plan de la présence que de l'interactivité. Cirta, cette chanteuse venue de la wilaya de Béjaïa, a pu et su représenter dignement la chanson kabyle dans le pays où le raï est maître. Somptueuse dans ses habits bariolés propres à la Kabylie, Cirta n'a pas prêché le faux pour émerveiller le public acquis au verbe cru. Pour son deuxième passage à El Bahia, Cirta s'est aussitôt fait remarquer. A peine montée sur le podium, elle va droit au but en reprenant, mot à mot, Anzur Lwali, chanson de la célèbre Chérifa, très répandue dans toute l'Algérie y compris dans l'Oranie. Les spectateurs, présents en nombre, se sont mis dans une interactivité jamais égalée, répondant avec enthousiasme aux appels de la chanteuse. Le public s'enflamme et la représentante de la ville de Béjaïa enfonce le clou en interprétant, en même temps que les danses du ballet Mesk E'Lil d'Oran, Mabrouk Laârs, (Joyeux mariage). Les trois chansons au verbe fin, qui ont été interprétées, ont été suffisantes pour révéler le talent d'une chanteuse dans sa plénitude qui a promis un retour détonant sur la scène oranaise à l'occasion du mois de Ramadhan. La montée sur scène de Cheb Réda a été sans protocole, étant donné que ce dernier est toujours proche des passionnés de la vie et des amours échoués. En leur chantant leurs tracasseries amoureuses, cheb Réda s'est frayé la voie du succès en un laps de temps très court. C'est ainsi que ses retrouvailles, lundi, avec ses fans, n'a été qu'une petite formalité. Les présents savaient à l'avance ce que prêchera l'enfant de Miramar dont Ana touahchtha (elle me manque). Cette chanson, qui remonte à plusieurs années, constitue encore la devise des jeunes amoureux en quête d'une union conjugale pour le meilleur et pour le pire. Les paroles des chansons de cheb Réda sont tout aussi correctes, car ce dernier les puise de la vie de son entourage, la meilleure source d'inspiration, disait-il. A l'instar de plusieurs de ses pairs, l'interprète de Ammi Salah, n'échappe pas à la règle en chantant dans un cabaret très réputé, mais son éducation exemplaire et son verbe très raffiné et mesuré, avant son édition, lui ont valu la célébrité. Dans son oeuvre, le chanteur tend à exprimer ce que pensent et ressentent ses fans et s'interdit d'appeler à la consommation de la drogue et de l'alcool ni de faire l'apologie de l'émigration clandestine, la harga. Il était 2h du matin lorsque la phénoménale Dalila fait une entrée triomphale. Connue pour sa défense des causes justes, Dalila entame son show en interprétant la très célèbre chanson Meriouli-Meriouli (mon passionné de la vie me fait souffrir). Depuis le décès de Cheikha Remiti en 2006, et le net recul marqué par Hadja Zahouania depuis sa visite aux Lieux Saints, les chanteuses qui brisent les tabous sociaux se font de plus en plus rares, laissant place à la pulpeuse cheba Dalila qui fait, ces dernières années, une percée extraordinaire en utilisant un verbe des plus crus. L'interprète de Nkhardjak Mrahmat Rebbi (je te ferai sortir de la miséricorde de Dieu) a su et pu se placer dans le haut des hit-parades locaux. L'occupante, à son insu et à son honneur de Facebook, annonce un programme riche et varié. Une surprise au profit de l'Entv à l'occasion du Ramadhan, des tournées au Qatar, Tunis et Montpellier, une participation le 29 juillet prochain au Festival du raï de Sidi Bel Abbès et enfin plusieurs enregistrements audio et vidéo en solo et en duo, constituent les préoccupations immédiates du phénomène cheba Dalila.